Le cinéma espagnol a célébré dimanche soir sa fête annuelle, les Goya, sous le signe de la crise, le président de l'Académie du cinéma dénonçant la hausse de la TVA qui frappe la culture tandis que l'actrice Maribel Verdu dédiait son prix aux victimes «d'un système injuste».

L'année 2012 «a été une année dure, critique, durant laquelle nous avons souffert autant ou plus que le reste de la société», a lancé le président de l'Académie, Enrique Gonzalez Macho, dans son discours à l'occasion de cette 27e édition des Goya.

Un des faits «les plus graves a été la hausse brutale de la TVA sur les produits culturels, et donc sur le cinéma», a déclaré Enrique Gonzalez Macho.

Le monde de la culture est en effet l'un des secteurs frappés par la hausse de la TVA, entrée en vigueur le 1er septembre dans le cadre de la politique de rigueur menée par le gouvernement de droite. Certains produits, comme le cinéma, sont passés du taux réduit de 8% au taux plein de 21%.

«La consommation culturelle a accusé une baisse très forte et des rentrées d'argent moins importantes, ainsi que des fermetures d'entreprises et une augmentation significative du chômage qui atteint des taux alarmants», a poursuivi M. Gonzalez Macho, face à la salle où était présent le ministre de la Culture, Ignacio Wert.

Le cinéma «nous appartient à tous, c'est un droit des citoyens», a-t-il affirmé.

Maribel Verdu, meilleure actrice pour son rôle dans Blanche-Neige, de Pablo Berger - également meilleur film -, a elle dédié sa récompense «à tous ceux qui ont perdu leur maison, leur avenir, et même la vie par la faute d'un système injuste».

L'actrice espagnole dénonçait ainsi les expulsions de propriétaires surendettés, l'une des conséquences sociales les plus criantes de la crise en Espagne, et le suicide de plusieurs d'entre eux ces derniers mois.

«Je fais miennes les paroles du président de l'Académie et de Maribel», a poursuivi José Sacristan, Goya du meilleur acteur, à 74 ans, pour son rôle dans El muerto y ser feliz de Javier Rebollo.

Dans la salle, plusieurs acteurs portaient sur leur costume une étiquette frappée du «NO» et d'une paire de ciseaux, symbole des coupes budgétaires qui frappent notamment la santé publique et l'éducation.

Candela Peña, meilleur second rôle féminin, a ému l'assistance lorsqu'elle a lancé: «J'ai vu mourir mon père dans un hôpital public où il n'y avait ni couvertures pour le couvrir, ni eau». Avant de poursuivre: «J'ai eu un enfant et je ne sais quelle sorte d'enseignement public il va recevoir».