Le Festival de Cannes, Clint Eastwood, Martin Scorsese ou encore Jane Campion lui doivent beaucoup : cinéphile, producteur, programmateur et découvreur de talents du 7e art, le Français Pierre Rissient est mort à 81 ans, a annoncé dimanche l'Institut Lumière.

«Pierre Rissient est mort cette nuit. Son épouse Yung Hee me demande de vous le faire savoir et, en pensant à elle, c'est avec une infinie tristesse que j'écris ce message. Pierre était un grand être humain et un cinéphile absolu. Nous le pleurons», a tweeté le réalisateur Bertrand Tavernier, président de cet institut.

Le Festival de Cannes a annoncé sur son site qu'il dédiait son édition 2018 à «ce grand ami et cette grande figure de la cinéphilie».

Rissient est mort deux jours avant le début du plus prestigieux festival de cinéma. Ironie du sort, le festival avait prévu de projeter cette année un film qu'il avait réalisé en 1982, Cinq et la peau, dans sa section Cannes Classics.

«Rissient a inventé un personnage dont il est l'exemplaire unique (...) Ces quarante dernières années et le plus souvent dans l'ombre, Pierre a influencé le cinéma mondial en l'élargissant à de nouvelles frontières», écrivait dans le livre Sélection officielle (2017) le délégué général du festival, Thierry Frémaux, selon des extraits mis en ligne sur le site officiel de la manifestation après l'annonce du décès.

«Pierre Rissient a été un super découvreur de cinéastes, d'un flair, d'une curiosité inestimables. Quand il aidait quelqu'un, il le prenait sous son aile et l'aidait à déployer son art. Il a aimé et soutenu le Festival de Cannes, j'en témoigne ici avec émotion et tristesse», a réagi Gilles Jacob, ancien délégué général du festival.

Inconnu du grand public, Rissient, qui avait l'habitude d'écumer les festivals du monde entier, était un intime de Clint Eastwood, qu'il connaissait depuis le début des années 70.

Personnalité incontournable de Cannes, dont il avait été le conseiller artistique, il avait contribué à faire connaître Mean Streets (1973), le long métrage qui a lancé la carrière de Martin Scorsese.

À partir des années 70, il a également fait découvrir au public européen nombre de cinéastes asiatiques, comme Hou Hsiao-hsien, Chen Kaige ou Zhang Yimou.

Il a notamment été le producteur exécutif de The Piano (Palme d'Or à Cannes en 1993) de la Néo-Zélandaise Jane Campion, dont il avait accompagné les premiers pas.

En 1959, Rissient avait été l'assistant-réalisateur de Jean-Luc Godard pour À bout de souffle, film emblématique de la Nouvelle Vague française.

Né à Paris le 4 août 1936, il était entré dans le 7e art par la salle obscure, en étant programmateur du célèbre cinéma Mac Mahon, près des Champs-Élysées.