L'animateur Jimmy Kimmel ouvrira sans doute la 90e cérémonie des Oscars sur une tout autre note cette année, après plusieurs mois tumultueux dans le domaine du cinéma marqués notamment par le scandale du producteur déchu Harvey Weinstein.

Alors que le célèbre animateur avait passé son temps à rire du président Donald Trump l'an dernier, il ne pourra pas éviter d'aborder le mouvement  Metoo ( Moiaussi), lancé dans la foulée des allégations de harcèlement et d'agression sexuelle pesant contre Harvey Weinstein, un puissant producteur qui avait l'habitude d'assister à ce gala et de se faire remercier par plusieurs gagnants.

Contrairement aux Golden Globes, les participants ne sont pas invités à se vêtir de noir pour s'élever contre le harcèlement sexuel dans le milieu du divertissement. Le mouvement «Time's Up» aspire à aller au-delà des tapis rouges, a-t-on expliqué.

Mais le sujet risque de revenir dans les conversations pendant cette soirée, tout comme le mouvement pour l'égalité des hommes et des femmes dans le domaine cinématographique.

Greta Gerwig, la réalisatrice de Lady Bird, est seulement la cinquième femme à être nommée dans la catégorie du meilleur réalisateur. Et Rachel Morrison est la toute première femme à apparaître dans la catégorie de la meilleure direction photo, pour Mudbound.

De plus, Ashley Judd, l'une des actrices à accuser M. Weinstein d'inconduite sexuelle, est parmi les personnalités qui présenteront un prix.

Tout comme l'animateur Seth Meyers aux Golden Globes, Jimmy Kimmel devra trouver le bon équilibre pour célébrer l'événement, tout en abordant des sujets difficiles pour le milieu.

Pour ce qui est des 24 prix qui seront remis pendant la soirée, difficile de prédire les gagnants.

Cinq films ont une chance de remporter le grand prix de la soirée: The Shape of Water (La forme de l'eau), Three Billboards Outside Ebbing, Missouri (Trois affiches tout près d'Ebbing, Missouri), Get Out, Dunkirk (Dunkerque) et Lady Bird.

Rarement la course au plus prestigieux des Oscars a-t-elle été aussi serrée. Un an après que Moonlight, de Barry Jenkins, a démoli les prédictions qui donnaient La La Land (Pour l'amour d'Hollywood) vainqueur, les experts hésitent à déclarer d'avance un gagnant.

«C'est très, très, très imprévisible, estime la blogueuse de longue date Sasha Stone, du site Awards Daily. C'est une année où je préférerais m'abstenir (de faire des prédictions). Je n'ai aucune idée de qui l'emportera.»

La majorité des autres catégories principales semblent être gagnées d'avance. Frances McDormand (Three Billboards), Gary Oldman (Darkest Hour/L'heure la plus sombre), Allison Janney (I, Tonya/Moi, Tonya) et Sam Rockwell (Three Billboards) sont nettement favoris dans leur catégorie respective. Guillermo del Toro (The Shape of Water) devrait l'emporter du côté de la réalisation.

Des Canadiens en lice

Les artistes canadiens pourraient tirer leur épingle du jeu pendant la soirée. Les artisans d'un studio montréalais qui a réalisé les effets spéciaux du film Blade Runner 2049 sont en lice pour remporter le prix des meilleurs effets visuels.

Blade Runner 2049 est également nommé pour son montage sonore, son mixage sonore et ses décors, créés par le Canadien Dennis Gassner. Le Montréalais Denis Villeneuve, qui a réalisé le film, n'apparaît toutefois pas dans la catégorie de la meilleure réalisation. L'an dernier, il était en lice pour ce prix pour son film Arrival (L'Arrivée).

Par ailleurs, le producteur J. Miles Dale partage la nomination du meilleur film pour le long métrage de Guillermo del Toro The Shape of Water.

Parmi les autres Canadiens nommés pour le film, on compte le directeur artistique Paul Austerberry, le concepteur de costumes Luis M. Sequeira et le monteur Sidney Wolinsky.

Christopher Plummer, qui a remplacé Kevin Spacey à la dernière minute dans All the Money in the World, obtient une nomination dans la catégorie du meilleur acteur de soutien.

The Breadwinner (Parvana: une enfance en Afghanistan), inspiré du roman de l'écrivaine canadienne Deborah Ellis, est nommé dans la catégorie du meilleur film d'animation.

Cette coproduction canadienne compte Angelina Jolie parmi ses producteurs exécutifs et met en vedette l'actrice torontoise Saara Chaudry, qui prête sa voix au personnage principal. Le film, scénarisé par la cinéaste canadienne Anita Doron, avait aussi été nommé aux Golden Globes, dans la même catégorie.