Légende du cinéma aux plus de 100 films, Isabelle Huppert a déjà gagné tous les prix possibles et imaginables dans le monde, mais peu aux Etats-Unis. Jusqu'à Elle.

Ce thriller transgressif de Paul Verhoeven lui a déjà valu une brassée de récompenses américaines, des critiques dithyrambiques et une nomination aux Golden Globes, qui seront remis dimanche.

Dans cette adaptation d'un roman de Philippe Djian, elle interprète une femme violée qui, loin de s'effondrer, va traquer son agresseur, se lancer dans un jeu érotique avec lui, avant d'en avoir raison.

«Je suis vraiment heureuse de la réception du film et de l'attention qui lui est portée», a-t-elle expliqué lors d'un entretien à l'AFP à la veille des Golden Globes.

«Être ici dans un film français dirigé par un réalisateur néerlandais, ça prouve que le cinéma parfois abolit les frontières», ajoute la rousse comédienne aux yeux verts, fine silhouette en tailleur pantalon carmin.

Au-delà des Globes, elle est l'une des favorites des pronostics pour les nominations aux Oscars, avec Natalie Portman pour Jackie, ou Emma Stone (La La Land). Superstition? Elle reste muette sur le sujet.

En revanche, elle s'anime dès qu'il s'agit de son personnage dans Elle.

«Le fait qu'elle soit présentée dans la multiplicité de ce qu'on est tous au fond, une mère, une ex-femme, une fille, ça en fait un personnage particulièrement riche», juge-t-elle.

Huppert s'est intéressée très tôt au rôle, après avoir lu le livre de Djian et avant que le projet de film existe.

Michèle est tour à tour vulnérable, excédée, séductrice, combattive, calculatrice, menteuse, franche, drôle, protectrice, enragée...

«On a dit à juste titre qu'elle ne se comporte pas comme une victime. Elle a énormément de choses sous sa responsabilité», c'est «quelqu'un d'assez solitaire, d'assez courageux, dont dépendent tous les gens qui l'entourent, et qui a une forme de générosité», poursuit-elle. 

Pas d'Eldorado 

Le réalisateur de Basic Instinct ou Total Recall ne tarit pas d'éloges sur son interprète dont il loue l'audace et qu'il qualifie d'actrice «la plus douée» avec laquelle il ait jamais travaillé.

Le rôle de Michèle avait à l'origine été proposé à plusieurs actrices américaines qui l'ont refusé, le jugeant trop risqué.

Sa comédienne parle de lui avec la même ferveur: «Verhoeven est un réalisateur vraiment indépendant, libre, qui n'est pas provoquant pour le plaisir d'être provoquant», explique-t-elle.

L'actrice a tourné avec les plus grands metteurs en scène du monde, dont aux États-Unis Otto Preminger (Rosebud), Michael Cimino (Heaven's Gate), ou Hal Hartley (Amateur) et David O'Russell (I Heart Huckabees)...

Elle affirme ne jamais avoir «pensé qu'il y avait endroit mieux que l'autre, un eldorado. J'ai fait des films dans beaucoup de pays je veux continuer».

Quelle que soit pour elle la trajectoire de cette saison des prix hollywoodiens, elle reste «très heureuse de ce qu'(elle fait) en France» : «Ça reste là où il y a du cinéma, des metteurs en scène, des films qui sont envisageables», conclut Huppert qui commencera ce mois-ci le tournage d'Eva, le prochain Benoît Jacquot.