Alors que 2016 s'est terminé avec la comédie musicale «Pour l'amour d'Hollywood», qui rend hommage à la grande époque des studios de Los Angeles, certains s'interrogent sur l'avenir de ce qui fut longtemps la «mecque du cinéma».

En septembre dernier, au Festival du film de Toronto, l'actrice Nicole Kidman se demandait même à voix haute si Hollywood existait toujours. «Nous tournons des films un peu partout dans le monde, et la grande époque hollywoodienne est quelque peu révolue maintenant», admettait l'actrice, venue présenter à Toronto le film «Lion», qui vient de sortir sur les écrans nord-américains.

Le quotidien Boston Globe, «vedette» du grand succès de 2015 «Spotlight: Édition spéciale», écrivait en septembre: «Un jour, on dira que 2016 a vu disparaître le film». Le réalisateur Martin Scorsese disait récemment à l'Associated Press: «le cinéma que j'ai connu enfant et que je fais toujours, c'est fini».

Les Cassandre de Hollywood énumèrent plusieurs facteurs qui pourraient contribuer au déclin de la grande machine hollywoodienne: l'érosion du grand vedettariat, du «glamour» et de la «pipolisation», le prix élevé du billet de cinéma et la concurrence féroce livrée par les services de diffusion en continu sur internet.

Les profits en salles pour les productions de Hollywood sont d'ailleurs en baisse, alors que de plus en plus de films pourtant attendus sortent directement - ou du moins très rapidement - sur les plateformes numériques. Pendant ce temps, Hollywood mise sur des énièmes retours sur d'anciens succès, sur des masses de superhéros et sur des films générés par superordinateur, laissant peu de place aux oeuvres indépendantes et aux scénarios originaux.

Les chiffres d'entrées aux guichets des salles l'été dernier le démontrent bien: des films très attendus comme «L'Escadron suicide» et le plus récent «Jason Bourne» ont connu un beau succès la première semaine mais se sont rapidement essoufflés. Des suites comme les «Tortues Ninja» ou «Zoolander» ont été loin de remporter les succès des originaux.

L'acteur David Oyelowo, du film indépendant «Queen of Katwe», soutient que ceux qui vont encore au cinéma sont moins intéressés par les vedettes que par l'histoire racontée. Or, Hollywood radote depuis 10 ou 20 ans, selon l'acteur de ce film à petit budget qui se déroule en Ouganda, une coproduction entre les États-Unis et l'Afrique du Sud.

Et les productions indépendantes diffusées par des chaînes comme Netflix ou Amazon permettent de renouveler l'offre - et les goûts de l'auditoire.

Évidemment, la notice nécrologique de Hollywood ne date pas d'hier, et tout le monde ne souscrit pas au scénario catastrophe.

«Le ciel va toujours tomber sur la tête de Hollywood - ça dure depuis l'avènement du cinéma parlant», rappelle la réalisatrice du film franco-britannique «Free Fire», Ben Wheatley. Or, les grands studios se sont toujours adaptés et vont continuer à le faire, estime-t-elle. «L'art est mouvant: dès que vous essayez de le circonscrire, il se rebiffe, et je crois que c'est ce qui se produit actuellement à Hollywood.»

Peter Sarsgaard, une des vedettes de la nouvelle version du western «Les Sept Mercenaires», ne s'inquiète pas trop de l'avenir de Hollywood, mais il se dit prêt à jouer sur tous les tableaux, pas seulement au cinéma. «Le film constitue une partie seulement de notre métier aujourd'hui», rappelle-t-il avec sagesse.