Rires aux éclats et petits cris de stupéfaction ont résonné dans un local de l'école Emmett Johns de l'organisme Dans la rue, mercredi, alors que des jeunes ont visionné Dallas Buyers Club avant d'en rencontrer le réalisateur, Jean-Marc Vallée.

Une dizaine de jeunes adultes sans-abri ou à risque d'itinérance ont ainsi eu l'occasion de lancer leurs questions les plus brûlantes au cinéaste québécois.

Pourquoi tu ne vis pas à L.A.? Est-ce qu'il faut faire des études pour devenir un réalisateur reconnu? Combien retires-tu en redevances? Peux-tu me donner le numéro de téléphone de Nicole Kidman? Il paraît qu'un budget de 15 millions de dollars, ce n'est pas beaucoup?

Celui qui travaille actuellement sur deux séries télévisées pour la chaîne HBO a pris plus d'une heure pour discuter de son film, qui avait permis à Matthew McConaughey et à Jared Leto de remporter chacun un Oscar pour leur interprétation de victimes du sida.

«Ça parle de "dope", de problèmes, et d'une époque qui n'est pas la leur. C'est instructif et c'est quelque chose à quoi ils pouvaient peut-être s'identifier d'une certaine façon», a exposé le réalisateur, en entrevue avec La Presse canadienne.

«C'était beau de voir ce groupe-là. Tu sais qu'ils vivent des choses pas faciles et là ils prennent le temps de voir un film et venir rencontrer un »réal«», a-t-il poursuivi.

Jean-Marc Vallée espérait ainsi leur «donner envie de rêver», puisque le septième art lui a permis de vaincre son propre penchant délinquant.

Jean-Marc Vallée s'est réjoui que malgré leur quotidien difficile, ces jeunes aient pris le temps de se présenter à une projection de long métrage. Le réalisateur, qui dit avoir lui-même vaincu son penchant délinquant, espérait ainsi leur «donner envie de rêver».

«J'allais lâcher l'école et j'ai pris par pure paresse un cours qui s'appelait Cinéma et société, a-t-il raconté. J'ai trouvé quelque chose qui m'a allumé.»

Le réalisateur de Café de Flore et de Wild prévoit compléter le montage de Big Little Lies peu avant Noël. La série, qui met notamment en vedette Reese Witherspoon, Shailene Woodley et Nicole Kidman, doit être diffusée l'an prochain.

Alors qu'il devait n'en réaliser qu'un ou deux épisodes, son attachement à l'équipe l'a finalement incité à diriger l'entièreté des sept épisodes, d'une durée d'une heure.

«C'est une intrigue policière, mais avant tout un drame de moeurs», a-t-il exposé, ajoutant qu'elle s'apparente à CRAZY, un de ses plus grands succès québécois.

Il ne fait pas état d'un saut au petit écran, mais bien d'une parenthèse imprévue, qui s'est par ailleurs prolongée avec Sharp Objects. Cette série inspirée d'un roman de la même auteure que Gone Girl a pour tête d'affiche Amy Adams.

Le cinéaste a laissé poindre une certaine déception quant à l'accueil tiède qu'a reçu son plus récent long métrage. Alors que Demolition demeure à ses yeux sa plus grande oeuvre, il garde espoir que ce film «trouve un jour son public».

S'il dit avoir renoncé à un film biographique sur Janis Joplin, Jean-Marc Vallée caresse maintenant deux projets bien québécois et prévoit un retour immédiat au septième art.