C'est quoi, cette bibitte appelée « Comiccon » (ou Comic-con, ou Comic Con), qui fait vibrer le fan, le geek, le nerd... alouette (comme dans « drôle d'oiseau ») ? Et qu'est-ce qu'on peut faire à celui de Montréal, qui commence aujourd'hui au Palais des Congrès ? Petit guide du quoi, quand, qui. Pour qui ? Pour VOUS.

Non seulement Jason Rockman porte-t-il un nom digne d'un superhéros - Rockman, qui dit mieux ! -, mais sa passion pour les comic books et la culture pop, il l'a aussi dans et sur la peau : Superman, Batman, Darth Vader, Boba Fett, The Hulk, The Dark Phoenix (et sa grand-mère, mais ça, c'est une autre histoire) prennent vie sur ses biceps, s'animent sur ses avant-bras, plongent jusqu'à ses poignets.

Bref, l'évidence s'impose : il était presque écrit (et même tatoué) dans le ciel que l'animateur de CHOM et chanteur de Slaves on Dope serait un jour le porte-parole du Comiccon de Montréal, dont la huitième présentation commence d'aujourd'hui et se poursuit jusqu'à dimanche, au Palais des congrès.

La Presse+ l'a rencontré afin de savoir ce qu'ont en commun les Comiccon, ou Comic-Con, Comic Con, Comicon (et on ne rit pas !), bref, ces événements phares de la culture pop que courent les fans de science-fiction, d'horreur, de fantastique, de superhéroïsme et autres grands bonheurs.

L'INDÉPENDANCE

« Les gens croient que ce sont des tournées, un peu comme Disney on Ice (en quelque sorte, des satellites du « fondateur » Comic-Con de San Diego). En réalité, ce sont des événements indépendants, organisés par des locaux. » Il y a quand même l'exception « canadienne » puisque Alex La Prova, Oscar Yazedjian et Elizabeth Jutras, les fondateurs du Comiccon de Montréal, sont aussi à l'origine de ceux d'Ottawa (dont la cinquième présentation a eu lieu en mai, et dont Jason Rockman est aussi le porte-parole) et de Québec (qui se tiendra pour la troisième fois en octobre). Le Palais des congrès devrait alors accueillir quelque 60 000 visiteurs - plus encore, donc, que l'an dernier, alors que l'événement a changé de date, passant de septembre à juillet. « Comiccon Montréal a tellement grossi que nous avons maintenant besoin de tout le Palais des congrès et ce n'est possible que ce mois-ci [en juillet] », explique Jason Rockman.

L'EXPOSITION

Le centre névralgique de ces congrès est en général une salle immense « où tu peux acheter des bandes dessinées, bien sûr, mais aussi des bijoux artisanaux inspirés d'éléments de la culture pop, des figurines, des masques, des gadgets. Il y a également des stands où des partenaires donnent un avant-goût de jeux vidéo qui sortiront plus tard. Cette année, par exemple, PlayStation fera une démonstration de réalité virtuelle ». En marge de l'exposition, des tables où les invités de l'événement signent des autographes, se font prendre en photo avec les fans. Ils participent aussi, dans des salles fermées, à des séances de questions/réponses.

LES STARS

On les appelle « des étoiles doubles ». Observées de la Terre, elles semblent très proches l'une de l'autre, mais n'en sont pas moins des entités autonomes. Les stars invitées aux différents congrès de type « comiccon » font partie de ce genre de « systèmes binaires ». Il y a ceux qui brillent devant les caméras, et ceux qui s'illustrent sur papier. Les premiers ont souvent tenu des rôles de premier plan dans des séries ou longs métrages dits « de genre » (on pense à William Shatner, Kate Mulgrew, Morena Baccarin, Robin Lord Taylor). Les seconds oeuvrent dans le domaine du comic book - éditeurs, auteurs et, surtout, illustrateurs. Certains, confirmés, (Neal Adams, Bob Layton, Yanick Paquette, David Lloyd) et d'autres, de la relève. « Ils achètent des tables, sont là pour montrer leur travail et se faire des contacts. Ce sont les gens les plus excités de se trouver là. »

LES COSPLAYERS

« Pour moi, ce sont les véritables stars de ce genre d'événement », fait Jason Rockman, parlant des costumédiens (cosplayers) qui incarnent de façon flamboyante, en portant des costumes de haute couture superhéroïque, les personnages préférés des uns et des autres. « Juste les voir, les suivre, c'est une expérience et un plaisir en soi. Ils viennent de partout et vont partout. Pour plusieurs, c'est une profession. » Seront ainsi présents les personnages incarnés par ces caméléons (sculpturaux) que sont Marie-Claude Bourbonnais, Jessica Nigri, Kamui Cosplay et autres Yaya Han.

LES FANS

Qu'on ne se leurre pas : ces événements consacrés à la culture populaire sont avant tout pour les fans. Les acteurs, les illustrateurs, les stars de la lumière comme celles de l'ombre, sont là pour eux. Ils ont acheté leurs billets pour visiter l'exposition, participer à des conférences, etc. Et ils sont la priorité des invités et des organisateurs. On ne se faufile pas dans les files d'attente, une caméra au bout du bras et des questions aux lèvres pour des fins journalistico-professionnelles. Ce sont eux, aussi, à qui on prête le micro lors des séances de questions/réponses avec les acteurs qu'ils admirent. Et, oui, beaucoup d'entre eux aussi se déguisent. « So what ? »

Photo Robert Skinner, La Presse

Jason Rockman est porte-parole du huitième Comiccon de Montréal.

COMICCON À LA CARTE

Il existe actuellement une bonne quarantaine de Comic Con, Comiccon, Comic-Con - allez, baptisons-les les CC ! - sur la planète. Par exemple, l'Oz Comic Con, qui se déroule chaque année en Australie, se déplace de ville en ville. Comic Con India se tient à New Delhi et, depuis 2012, les Émirats arabes unis ont leur propre congrès du genre.

En Europe, Bucarest et Moscou vibrent une fois l'an au rythme des fans de la culture pop ainsi rassemblés et le Royaume-Uni se targue d'accueillir cinq événements de ce type.

Bien sûr, l'Amérique du Nord, qui a vu naître ces fiestas colorées et passionnées, en compte un nombre impressionnant. Qui a littéralement explosé « en 2000, avec la sortie du film X-Men », avance Jason Rockman, porte-parole des Comiccon de Montréal et d'Ottawa (qui, avec celui de Québec, sont chapeautés par les mêmes organisateurs).

En effet, ce qui était jusque-là une culture de niche s'est alors mis à ratisser plus large, à s'étendre hors des cercles des fan boys, comme le prouve le succès des adaptations (au grand écran et, maintenant, au petit) des aventures de personnages nés dans les comic books - que ce soit les membres des Avengers ou les survivants de The Walking Dead.

D'ailleurs, les « CC » sont à présent parmi les événements que privilégient les studios et les autres entités pour donner un avant-goût de leurs prochains films de superhéros, séries fantastiques et d'horreur, jeux vidéo et autres plaisirs pas démodés. Une orgie du genre et de genres. Mioum.