Pop star, David Bowie aura également été «un extraterrestre qui a traversé la planète cinéma»: une trentaine de rôles, dont le plus important demeurera Furyo de Nagisa Oshima, selon la critique.

David Bowie a beaucoup joué, mais dans Furyo (1983), où il incarne un soldat britannique dans un camp de prisonniers à Java pendant la Seconde Guerre mondiale, «il a un vrai premier rôle», a estimé Jean-Michel Frodon, critique et historien de cinéma, interrogé par l'AFP.

Dans ce film en compétition au Festival de Cannes en 1983, «on lui demande un travail d'acteur, c'est-à-dire de jouer vraiment et pas seulement d'être là. C'est finalement assez rare», ajoute le critique.

Pour lui, dans chaque film, «il s'est révélé n'être qu'une présence, une apparition. Il est là, c'est David Bowie, plus que le personnage qu'il est censé interpréter, y compris quand il joue Andy Warhol, dans Basquiat. C'était une bonne idée, mais ce n'est pas un travail d'acteur. C'est Bowie, sa légende, son imagerie».

Outre Furyo et Basquiat (1996) de Julian Schnabel, la pop star charismatique a joué dans Twin Peaks: Fire walk with me (1992) de David Lynch, The Last Temptation of Christ (1988) de Martin Scorsese dans le rôle de Ponce Pilate, ou The Prestige (2006) de Christopher Nolan, dans lequel il incarne le physicien Nikola Tesla.

Il a marqué aussi les esprits dans le film de vampires The Hunger (1983) de Tony Scott avec Catherine Deneuve et Susan Sarandon, ou dans le film musical Absolute Beginners (1986).

Dans le film britannique The Man Who Fell to Earth (1976) de Nicolas Roeg, David Bowie interprète un humanoïde venu d'une autre planète. Un rôle sur mesure pour Jean-Michel Frodon car, estime-t-il, «Bowie est un extraterrestre qui a traversé la planète cinéma».

Pour le critique britannique Jonathan Romney, «Bowie a porté ce film, qui était déjà en soi extraordinaire, à un niveau supérieur par sa présence extraterrestre».

Avec la découverte à la fin des années 80 que son nom ne suffisait pas à attirer les gens au cinéma et l'échec du film Labyrinth (1986) de Jim Henson, il aura cependant «préféré le monde de la musique, beaucoup plus personnel», explique Philippe Rouyer, critique de cinéma à Positif.

«Il aurait fallu qu'il rencontre un metteur en scène amoureux de lui, qui l'aurait sublimé de rôle en rôle», ajoute-t-il.

Selon lui, «il a raté son rendez-vous avec le cinéma, alors qu'il avait les capacités de faire beaucoup plus» et «seulement une petite partie de son talent et de son aura a été utilisée au cinéma».

Bowie a également composé la musique de plusieurs films, dont celle de Moi, Christiane F., 13 ans, droguée, prostituée... d'Uli Edel (1981), ou encore une partie de la bande-originale de la comédie musicale Absolute Beginners.

La pop star, qui n'avait pas composé pour le cinéma depuis une vingtaine d'années, a signé le générique de la série Panthers de Canal+, diffusée à l'automne 2015, avec la chanson Blackstar, qui a donné son nom à son dernier album.