Infinitely Polar Bear, avec Mark Ruffalo et Zoe Saldana, raconte l'histoire vraie d'un père atteint d'une maladie mentale dont les conséquences sont dévastatrices pour toute sa famille: le trouble bipolaire.

Cam Stuart (Mark Ruffalo) est incapable de garder un travail et alterne entre crises d'ivresse euphorique et phases dépressives. Sa femme (Zoe Saldana) se retrouve, dans les conservatrices années 70 de la Nouvelle Angleterre, dans le nord-est des États-Unis, face à ce mari qui ne peut subvenir aux besoins de sa famille.

Elle choisit de laisser ses filles aux mains de ce père pas comme les autres pour partir étudier à New York et obtenir un diplôme qui leur assurera à tous un meilleur avenir.

Les deux petites filles, Amelia, jouée par Imogene Wolodarsky, fille de la réalisatrice Maya Forbes, et Faith, incarnée par l'adorable Ashley Aufderheide, doivent faire face aux excès, égarements, et colères de ce père par ailleurs fantasque et affectueux.

Cette histoire, c'est celle de la réalisatrice Maya Forbes: «quand j'avais six ans, mon univers a implosé: mon père a souffert d'une série de crises maniaco-dépressives et mes parents se sont séparés».

Sa mère était incapable de trouver un emploi décent, sa soeur China (la chanteuse du groupe Pink Martini) et elles allaient dans une école sous-financée et difficile.

La famille de son père, l'une des plus riches des États-Unis, ne leur offrait aucune aide financière, affirme-t-elle, «à cause d'une règle étrange sur l'argent: il ne fallait jamais en demander et si vous le faisiez, ils vous humiliaient».

Quand sa mère a décidé de partir étudier à des centaines de kilomètres, «son plan semblait fou (..) Et au final ça a marché. Nous sommes devenus notre propre version d'une famille qui survit et même prospère, d'une façon non conventionnelle», ajoute la cinéaste.

Famille non conventionnelle

Cette scénariste signe ici son premier long-métrage en tant que réalisatrice, avec pour producteur J.J. Abrams, qui met en scène le prochain Star Wars.

Mark Ruffalo a expliqué à l'AFP lors de la présentation au festival du film de Los Angeles (LAFF) dimanche que «certains membres de ma famille sont atteints de troubles bipolaires, alors cette histoire m'est très familière».

Environ 3% des Américains en sont atteints.

Le comédien raconte qu'il a notamment été séduit par le film, qui sort vendredi en Amérique du Nord, parce qu'il «traite le trouble bipolaire comme quelque chose qui s'intègre à la vie de ces gens».

Le long-métrage montre des scènes de crise où le père quitte l'appartement en pleine nuit sans prévenir ses filles et rentre ivre au petit matin. Mark Ruffalo estime toutefois que ce père n'était pas dangereux pour ses enfants.

«C'est un très bon père, mais d'une façon non conventionnelle. Il adorait ses filles et elles sont devenues des femmes magnifiques», remarque-t-il.

La réalisatrice elle-même estime que son enfance a été «émotionnellement douloureuse et compliquée avec beaucoup d'épreuves», mais se refuse à parler de maltraitance.

Zoe Saldana remarque que «le trouble bipolaire est assez méconnu, mais il affecte beaucoup de monde notamment certaines personnes qui ne sont pas diagnostiquées».

Mais plus encore que la maladie, le film raconte selon elle surtout «l'histoire d'une mère et d'un père qui essaient de faire du mieux qu'ils peuvent pour leurs enfants», malgré les jugements que la société porte sur eux.

L'actrice de bientôt 37 ans révélée au grand public pour son rôle de Neytiri dans Avatar, qu'elle reprend pour les trois prochains épisodes de la saga de James Cameron, délaisse ici les grosses productions où elle est devenue une valeur sure (Star Trek, Les gardiens de la galaxie, etc.).

Pour elle, Maggie, la femme de Cam, fait vraiment un acte de sacrifice en «renonçant au temps à passer avec ses enfants pour qu'elles aient une meilleure éducation et qu'elles n'aient pas à en passer par les mêmes épreuves qu'elle. Elle voulait qu'elles aient une carrière».