Beatrice Prior, dite Tris, qu'incarne Shailene Woodley dans The Divergent Series, est une héroïne, une vraie. Une de ces filles qui se lèvent pour défendre leurs idéaux, qui bottent des derrières, qui se tiennent debout dans l'adversité, qui sont égales à leur partenaire masculin. On est loin de la demoiselle en détresse attendant le chevalier en armure étincelante.

« C'est pour cela que je suis tombée amoureuse de cette série, assure Shailene Woodley. Pour la relation entre Tris et Four. Une relation basée sur l'égalité, le respect, l'honnêteté. Ce n'est pas un simple engouement ou de l'attirance physique. Ils se voient comme des êtres égaux, ils s'inspirent l'un l'autre. »

Un modèle beau et fort pour les jeunes filles d'aujourd'hui, que cette Tris. Comme Katniss dans The Hunger Games ou Hermione dans Harry Potter, Lena dans Beautiful Creatures ou Lyra dans The Golden Compass. Bref, un modèle qui est moins l'exception qu'il l'a déjà été. Et c'est tant mieux.

Mais à quoi ressemblent les femmes adultes qui les entourent? D'un côté, il y a la mère de Katniss, neurasthénique depuis la mort de son mari; et celle de Tris, qui se sacrifie pour sa fille. De l'autre, il y a ces leaders rigides, implacables, les yeux fixés sur le but à atteindre quitte à perdre en humanité ce qu'elles gagnent en pouvoir. Seraient-elles... des hommes comme les autres? Ou le pendant futuriste de la sorcière des contes d'antan?

Chose certaine, elles sont loin d'être les alliées de nos héroïnes.

Pensons à Julianne Moore en présidente Alma Coin dans The Hunger Games - Mockingjay. À Nicole Kidman en Mrs. Coulter (qui, dans The Golden Compass, arrache les enfants à leur âme/animal). À Meryl Streep en chef des Anciens dans The Giver. Et, dans le cas de The Divergent Series, à Kate Winslet en Jeannine Matthews, leader des Érudits. Responsable du génocide d'une des cinq factions composant la population du Nouveau-Chicago dans le premier film, pratiquant la torture dans Insurgent.

En ce qui concerne les nouveaux personnages féminins apparaissant dans Insurgent, ils ont également du pouvoir. Sont forts. Et faillibles.

Johanna Reyes, chef des Fraternels qu'incarne Octavia Spencer, incite gentiment, mais fermement, les insurgés - des réfugiés - à quitter les lieux lorsque leur présence met en danger sa communauté.

Et Evelyn - leader des Sans Faction interprétée par Naomi Watts - a, des années plus tôt, abandonné son fils aux mains d'un mari violent. Comment a-t-elle pu?, lui demande Tris dans le film. « J'étais jeune », répond le personnage.

Interrogée sur le sujet, l'actrice a admis avoir eu des problèmes avec ce pan de l'histoire d'Evelyn: « Je ne peux même pas imaginer ce qui me pousserait à abandonner mes enfants, a répondu la comédienne qui a deux fils. C'est vraiment une chose que j'ai eu de la difficulté à endosser. Nous savons que la vie d'Evelyn était alors en danger et qu'elle a fait le choix de la survie. Mais il est difficile, dans ce film-ci, d'établir quels sont ses motifs. Il y a, j'imagine, les prochains pour les expliquer », a répondu celle qui aime toutefois qu'Evelyn soit, après sa fuite, « devenue forte, assez pour fonder une faction différente, un groupe de personnes où la diversité a sa place ».

Place, donc, au féminin pluriel, puissant et imparfait dans un futur sombre.