Deux acteurs mythiques qui ont fait leur marque grâce à des films de boxe reprennent du service dans une comédie dramatique où ils peuvent difficilement tricher...

En 1976, le monde entier a découvert un autodidacte de 30 ans portant un prénom jusque-là associé à un chat malicieux. Il aura eu le flair de ne vendre son scénario original qu'à la condition de pouvoir jouer lui-même le rôle principal. Sylvester Stallone a dès lors marqué l'histoire du cinéma grâce à Rocky. Dans ce drame sportif, qui devait obtenir l'Oscar du meilleur film (le premier film du genre à avoir droit à cet honneur), celui qu'on surnommera dorénavant «Sly» incarne un boxeur de seconde zone qui a la chance de disputer un match contre un champion poids lourd.

Quatre ans plus tard, Robert De Niro, alors âgé de 37 ans, est monté à son tour sur un ring pour incarner le boxeur Jake La Motta dans Raging Bull. Sa composition, qui lui a valu l'Oscar du meilleur acteur, est aujourd'hui mythique. Non seulement l'acteur s'était entraîné au point de pouvoir se livrer à de véritables combats de boxe, mais il avait aussi gagné pas moins d'une soixantaine de livres en six mois afin d'incarner le personnage vieillissant.

Grudge Match ne tourne pas autour d'un combat revanche entre Rocky et La Motta. Il est toutefois bien clair que les artisans de cette comédie dramatique, réalisée par Pete Segal (The Longest Yard, Get Smart), misent à fond sur le caractère légendaire de cette rencontre entre les deux acteurs.

«Dans notre esprit, ce film ne pouvait tout simplement pas exister sans Sylvester et Robert, affirme d'ailleurs d'emblée le producteur Bill Gerber. Leur accord a suscité un effet d'entraînement. Tous les acteurs du film sont nos premiers choix!»

Inspiré d'une vieille idée

L'intrigue de Grudge Match, qui met aussi en vedette Alan Arkin, Kim Basinger et l'humoriste Kevin Hart, fut inspirée par l'idée d'un combat revanche - qui n'a finalement jamais eu lieu - entre les champions Larry Holmes et George Foreman, alors qu'ils étaient tous deux âgés de 50 ans.

Le récit décrit le parcours tragicomique de deux anciens grands rivaux, dont l'un, en particulier, nourrit un sentiment de frustration depuis 30 ans. Billy (De Niro) en a toujours voulu à Henry (Stallone) d'avoir pris sa retraite de façon inattendue, sans livrer le fameux combat qui les aurait départagés une fois pour toutes. Un jeune promoteur (Kevin Hart) ayant eu l'idée de les faire remonter dans un ring, les deux sexagénaires acceptent le combat.

«Quelqu'un m'aurait dit à l'époque de Rocky que je ferais un autre film avec de la boxe plus de 35 ans plus tard, je l'aurais envoyé promener! lance Stallone. La première fois qu'on m'a soumis cette idée, j'ai d'ailleurs trouvé ça complètement absurde. Qui veut voir deux vieillards boxer?»

«Moi, j'aimais l'idée de jouer avec Sly, ajoute Robert De Niro. C'est tout. L'alcool a fait le reste. Et puis honnêtement, il y a 30 ans, je n'aurais jamais cru que je serais encore là!»

Plus sérieusement, Stallone estime que Grudge Match n'est pas un film de boxe à proprement parler.

«On en parle beaucoup, mais la scène de combat ne dure finalement que neuf minutes, fait-il remarquer. Cela dit, la boxe est une métaphore magnifique de la vie. Dans ce cas précis, c'est la notion de deuxième chance qui m'a attiré vers ce projet. J'aimais l'idée que ces deux hommes, qui ont une histoire commune, puissent enfin liquider ce qui leur pèse depuis si longtemps. Au cinéma, on a l'occasion de faire ça. Aussi bien en profiter, car ça n'arrive pas très souvent dans la vraie vie!»

Même si Grudge Match mise avant tout sur des éléments de comédie, le réalisateur Segal a quand même tenu à ce que les scènes d'entraînement - et de combats - soient crédibles. Les deux acteurs ont ainsi dû s'astreindre à un programme d'entraînement rigoureux, plusieurs mois avant le début du tournage. Si Stallone intègre toujours ce genre de programme à son régime de vie, De Niro n'en fait pas autant. Mais l'acteur s'y est mis. Avec la dévotion qu'on lui connaît.

«À cause de nos horaires respectifs, nous ne pouvions pas nous entraîner ensemble, indique Sylvester Stallone. Je travaillais à Los Angeles alors que Robert était à New York. Nous avons dû répéter les chorégraphies séparément. Heureusement, tout a bien fonctionné au moment du tournage.»

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Grudge Match (Combat revanche en version française) prend l'affiche le 25 décembre.

Les frais de voyage ont été payés par Warner Bros.