«Humilié et déshonoré», le réalisateur Abdellatif Kechiche, palmé à Cannes pour La vie d'Adèle, estime que «le film ne devrait pas sortir (car) il a été trop sali» par les attaques des deux actrices principales.

«Selon moi, ce film ne devrait pas sortir, il a été trop sali. La Palme d'or n'a été qu'un bref instant de bonheur. Ensuite, je me suis senti humilié, déshonoré. J'ai senti un rejet de ma personne que je vis comme une malédiction», dit Abdellatif Kechiche dans un long entretien à Télérama paru mercredi.

Léa Seydoux et Adèle Exarchopoulos ont raconté à la presse que le tournage avait été «horrible», fustigeant la direction d'acteur du cinéaste franco-tunisien. Adèle Exarchopoulos est toutefois revenue en partie sur ses critiques. La sortie en salles en France est annoncée pour le 9 octobre.

Évoquant particulièrement les reproches de Léa Seydoux, le cinéaste estime que l'actrice «vole la vedette au film, ainsi qu'à Adèle Exarchopoulos».

«Elle (ndlr: Léa Seydoux) ne mesure pas les conséquences désastreuses de ses propos qui vont empêcher les spectateurs d'entrer dans la salle avec un coeur vierge et un regard bienveillant», ajoute le réalisateur.

«Moi, je n'irais pas voir le film du cinéaste sadique et tyrannique dont on fait le portrait aujourd'hui! C'est comme si on se rendait à un mariage en sachant qu'en vérité les mariés se détestent», dit-il encore.

«Ces déclarations, c'est pire que de cracher dans la soupe, c'est un manque de respect pour un métier que je considère comme sacré», dit Abdellatif Kechiche qui s'en prend directement à Léa Seydoux: «Pourquoi est-elle venue à Cannes pleurer, remercier, monter les marches, passer des journées à essayer des robes et des bijoux? Quel métier fait-elle? Actrice ou artiste de gala?»

Abdellatif Kechiche affirme qu'il a longtemps eu des doutes à propos de l'aptitude de Léa Seydoux à jouer dans La vie d'Adèle, mais que l'actrice «a insisté pour venir».

«Je lui ai proposé plusieurs fois d'en rester là, dont une après 20 jours de tournage. Mais elle tenait à continuer.»

Concernant la sortie en Tunisie du film qui évoque crûment un amour lesbien, le réalisateur dit «qu'(il) ne pourra pas faire le forcing». «Je veux que le film soit un moment de bonheur pour le spectateur, pas qu'il soit menacé à la sortie de la salle.»