Robert De Niro et Michelle Pfeiffer, mariés et parents de Dianna Agron et de John D'Leo. C'est la famille de The Family, adaptation par Luc Besson du roman Malavita de Tonino Benacquista. Une comédie noire sur fond rouge à propos de laquelle s'exprime le quatuor d'acteurs.

C'était en 1990. Robert De Niro incarnait le gangster Jimmy Conway dans Goodfellas de Martin Scorsese et voyait l'un de ses «associés» disparaître grâce au programme de protection des témoins.

Pas totalement une coïncidence si le romancier Tonino Benacquista a pensé à lui quand il a écrit Malavita, comédie noire suivant l'implantation d'une famille mafieuse new-yorkaise dans un bled normand. Pas une coïncidence non plus si Luc Besson, quand il a coscénarisé le film, avait en tête celle du complice de longue date de Martin Scorsese.

«Luc m'a envoyé le roman. Il devait seulement produire le film après l'avoir scénarisé, mais ça devenait compliqué de trouver un réalisateur qui interprète le scénario de la manière dont il le voyait. Il a donc décidé de réaliser lui-même le long métrage. J'ai été heureux et soulagé en apprenant cela, car vraiment, c'est sa vision et son projet», a raconté Robert De Niro lors d'une conférence de presse tenue dans un hôtel new-yorkais.

Véritable légende du septième art, l'acteur incarne ici Giovanni Manzoni, «traître» qui a témoigné contre son clan mafieux et doit maintenant se cacher en compagnie de sa femme et de leurs deux enfants.

Chassez le naturel

Ils deviennent donc les Blake et, discrètement surveillés et protégés par le FBI, ils s'installent en Normandie. Où les moeurs ne sont pas les mêmes. Que le plombier soit perçu comme un dieu et espère être traité ainsi, très peu pour Giovanni/Fred. Que l'épicier se moque des habitudes alimentaires des Américains, et Maggie (Michelle Pfeiffer) voit (très) rouge. Et quand ils «pètent leur coche», les Manzoni-devenus-Blake, ils la pètent solide. Chassez le naturel, dans leur cas, il revient au triple galop.

Bref, The Family est une comédie très noire et subversive, qui flirte avec l'hommage aux films de gangsters tout en n'hésitant pas à franchir les frontières de l'outrance - en matière de violence.

Mais, poursuit Robert De Niro, pour aller dans ces extrêmes et que le public l'accepte, «il fallait au départ que la famille soit très ancrée dans la réalité». Après, la partie était gagnée, car «tout le monde est intéressé par les thèmes sombres, surtout quand ils sont traités avec humour et que le tout est bien intégré, organique».

Quelle famille!

Des propos que Dianna Agron, la Quinn Fabray de Glee, approuve complètement. «Je ne pense pas que les gens s'identifieront à ce que fait cette famille, mais plutôt aux liens qui unissent ses membres», affirme la jeune comédienne qui incarne ici l'aînée des deux enfants du couple, Belle.

«J'aime la dualité du personnage. Elle veut tomber amoureuse, elle veut le conte de fées, mais elle est aussi une fille solide.» Et elle le prouve aux petits coqs français qui tenteront leur (mal) chance avec elle.

«Ce film montre que les Américains se tiennent les coudes et qu'il ne faut pas plaisanter avec eux quand ils ont une raquette ou un tuyau de plomb dans les mains», plaisante John D'Leo (The Wrestler), qui se glisse dans la peau du fils de la famille, Warren.

L'adolescent tente d'organiser (un peu comme dans «crime organisé») de petites affaires à l'école qu'il commence à fréquenter - à contrecoeur, on l'imagine.

Et le comédien d'ajouter, plus sérieusement, qu'un aspect du scénario qu'il a apprécié, c'est qu'on s'y moque autant des Français que des Américains. Les travers sont ici mis en exergue.

Une part d'ombre

Personne n'est noir ou blanc dans cet univers où le côté sombre des gens est mis de l'avant. C'est une des choses qui ont plu à Michelle Pfeiffer dès la lecture du scénario.

«Ce qui est tabou est titillant. Nous vivons dans une société civilisée et nous passons notre temps à tenter d'être socialement acceptables, mais il existe une part d'ombre en chacun de nous. Ces personnages la mettent en lumière dans un film où on est horrifié et où on rit en même temps», explique-t-elle.

L'actrice a aussi vu l'occasion, ici, d'enfin partager l'écran avec Robert De Niro. «Nous avons fait deux films ensemble, Stardust et New Year's Eve, mais nous ne jouions pas dans les mêmes scènes. Il était temps de remédier à cela.»

Et de retourner au milieu mafieux qu'elle avait exploré en 1988 dans Married to the Mob. «C'est une chance merveilleuse, mais c'est aussi inquiétant parce que les gens vont faire des comparaisons. Ce sont pourtant des oeuvres très différentes.»

Elle n'a d'ailleurs pas revu le film de Jonathan Demme pour se préparer à celui-ci. Alors que Robert De Niro, quant à lui, a «potassé» Goodfellows. Et pour cause! Giovanni/Fred se fait passer pour un écrivain et, à ce titre, il est invité par le club local de cinéma à commenter le film de Martin Scorsese - dans lequel Robert De Niro campe l'un des rôles principaux. Un clin d'oeil de Luc Besson à sa star et au réalisateur mythique qui agit ici à titre de producteur délégué.

«Je voulais m'assurer de couvrir tout le territoire et que le monologue final de Fred soit exact dans tous ses détails», conclut l'acteur qui prouve ainsi ce qu'il n'a plus à prouver - son professionnalisme - et qui, pressé de trouver une similitude entre sa famille et celle de The Family, laisse tomber avec humour: «Les pâtes!»

The Family (La famille) prend l'affiche le 13 septembre.

Les frais de voyage ont été payés par Les Films Séville.