Au coeur du parc Josaphat de Bruxelles, un petit pavillon servant normalement de centre d'information est archi bondé d'artisans du film Moroccan Gigolo's. Soudain, la voix lourde et grave d'Eddy King s'élève au-dessus du brouhaha.

«Mais, ce n'est pas de ma faute», balance-t-il au comédien François Arnaud qui se fait maquiller à côté de lui. Plusieurs personnes entourent les deux hommes. On échange, on analyse et on reprend. King refait la phrase avec la même énergie. Ce sont les derniers moments de répétition avant d'aller s'installer sur le plateau où, quelques minutes plus tard, sera tournée la scène finale.

Humoriste, King fait ici sa première incursion au cinéma. «Bien sûr, le personnage de Dédé était écrit. Mais mon travail était de lui donner vie. C'est mon boulot! Je décide du ton qu'il va avoir. Et ça, c'est pas mal cool», dit-il.

Avec ses amis Nicolas (Arnaud) et Samir (Reda Chebchoubi), Dédé fait partie d'un trio de jeunes Bruxellois qui, pour financer l'ouverture d'une sandwicherie, se prostituent auprès de femmes plus âgées qu'eux. Ce qui les entraînera dans de folles aventures.

«Mon personnage n'est pas trop loin de ce que je suis dans la vraie vie. En lisant le scénario, je me suis rendu compte que le réalisateur Ismaël Saïdi a grandi dans le même esprit que moi. Dans cette espèce de multiculturalisme européen où je me suis reconnu rapidement», dit King, qui a vécu à Paris avant de s'établir à Montréal à l'adolescence.

Ismaël Saïdi évoque aussi cette précieuse palette de couleurs. «Ce que j'écris n'est jamais autobiographique, mais me ressemble toujours. À travers tout ce que je fais, le point commun est l'identité. Je suis fils d'immigré marocain et le rapport à l'autre m'est important. Dans le film, on a un Noir, un Blanc et un Arabe qui ont tous en commun d'être belges. Comme moi lorsque j'ai grandi à Bruxelles avec des copains congolais, turcs et roumains.»

Pour le producteur québécois Daniel Morin (Boréal Films), Eddy King est une découverte. «Ce jeune homme a un talent fou. Il est drôle et agréable. C'est un bon acteur, amusant et très efficace.»

King profite aussi de son passage en Europe pour présenter un condensé de son premier spectacle en tant qu'humoriste. Il est monté sur scène à Anvers et à Paris et devrait faire deux soirs à Bruxelles. En attendant de faire un autre film, ce qu'il souhaite ardemment, il planche sur l'écriture de son deuxième spectacle.

Les frais de ce reportage ont été payés par le distributeur Filmoption international.