Bobbi Jo Hart, qui a filmé la pianiste montréalaise Marika Bournaki pendant huit ans pour son documentaire Le rêve de Marika, braque maintenant sa caméra sur l'équipe canadienne de soccer féminin, a appris La Presse.

L'idée lui est venue en suivant l'équipe aux Jeux olympiques de Londres, l'an dernier. La bougie d'allumage? Le revers de 4 à 3 des Canadiennes en demi-finale contre les États-Unis. On s'en souvient, la capitaine Christine Sinclair, meilleure buteuse de l'équipe, avait accusé l'arbitre norvégienne d'avoir favorisé les Américaines.

«J'étais fascinée par le parcours de cette équipe, nous raconte la réalisatrice d'origine américaine. Parce qu'il faut savoir que le Canada a terminé dernier à la Coupe du monde qui a précédé les Jeux olympiques de 2012. Ils ont ensuite embauché un nouvel entraîneur (John Herdman) à sept mois du début des Jeux! Leur revers contre les Américaines a mis fin à toute une remontée de l'équipe. Je voulais savoir qui étaient ces femmes, d'où venait cette détermination, comment l'équipe s'était rebâtie. C'est une histoire très human.»

La suite, on la connaît: malgré la controverse entourant le match contre les États-Unis, le Canada a remporté la médaille de bronze en battant la France 1 à 0. Quant à Christine Sinclair, la FIFA l'a sanctionnée pour avoir critiqué le travail de l'arbitre. Elle a écopé d'une amende de 3500$ et d'une suspension de quatre matches.

Le titre de travail du film, Rise, fait référence au mot d'ordre que s'étaient donné les joueuses canadiennes pendant les Jeux. Pour se motiver dans les moments difficiles. «John Herdman a vraiment relancé cette équipe, détaille Bobbi Jo Hart. Il a réussi à créer un esprit collectif très fort, en motivant les filles dans le respect. Il est aussi en train d'instaurer un nouveau style de jeu (tikitaka). Il a vraiment insufflé une nouvelle énergie à ce groupe de femmes.»

Sur le terrain et à l'extérieur

Comme dans Le rêve de Marika et dans She Got Game, qui faisait le portrait de la joueuse de tennis canadienne Sonya Jeyaseelan, Rise s'intéressera à ce que vivent les joueuses sur le terrain, mais aussi à l'extérieur. «Je veux montrer l'impact que peut avoir le sport dans leurs vies. Les sacrifices, les succès, les échecs, l'amour; le sport me permet d'aborder tous ces sujets! Le film va aussi explorer le complexe d'infériorité des Canadiennes par rapport aux autres équipes.»

Le tournage a débuté à Vancouver au mois de décembre dernier, pendant le camp d'entraînement qui a précédé la Coupe du monde de Chine en janvier dernier. Le prochain tournage aura lieu au championnat de Chypre, qui marquera le retour au jeu de Christine Sinclair après sa suspension. Bobbi Jo Hart veut tourner Rise jusqu'à la Coupe du monde de 2015, qui aura lieu ici, dans plusieurs villes canadiennes incluant Montréal.

The Trocks

Le deuxième projet de documentaire de Bobbi Jo Hart: un portrait des Ballets Trockadero de Monte-Carlo, une troupe de danseurs gais qui a vu le jour en 1974 et que la réalisatrice a vue ici à Montréal il y a deux ans.

«J'ai pu les filmer sur scène et dans les coulisses lors de leur passage. Et puis j'ai monté un extrait de 10 minutes que j'ai présenté l'an dernier aux Hot Docs de Toronto», raconte la réalisatrice. Le document, baptisé The Trocks, sera vraisemblablement diffusé sur le Documentary Channel en 2014 pour marquer les 40 ans de la troupe. Des discussions sont également en cours avec Radio-Canada/CBC.

Pour ce projet, Bobbi Jo Hart veut montrer le caractère exceptionnel de ces danseurs professionnels qui interprètent autant les personnages masculins que féminins. «Ils ont une approche comique, c'est vrai, ils font des parodies, mais ce sont des danseurs vraiment doués. Et puis, cette troupe de danseurs gais existe depuis 40 ans! Ils tournent dans tous les pays du monde, c'est vraiment un sujet en or.»

Les deux films sont produits par Robbie Hart et Adobe Productions International.