Gérard Depardieu, en conflit avec les autorités françaises, a ignoré mardi une convocation de la justice à Paris pour conduite en état d'ivresse, dernier avatar d'une saga qui suscite dans son entourage des inquiétudes croissantes sur sa santé et sur son avenir en général.

Attendu au Palais de justice de Paris, l'acteur, pourchassé par les médias, ne s'est pas montré. «Il est à l'étranger pour raisons professionnelles», a dit son avocat, Me Eric de Caumont, précisant qu'il devait s'entretenir avec des producteurs d'un film dans lequel il doit incarner l'ex-patron du FMI, Dominique Strauss-Kahn.

Après un week-end folklorique en Russie et une pause footballistique en Suisse, Gérard Depardieu se trouvait mardi au Monténégro, où il s'est entretenu avec le Premier ministre Milo Djukanovic, avant de donner une conférence de presse.

«Je n'ai pas fui le tribunal, ni la justice. Le voyage au Monténégro était prévu. J'ai averti le tribunal», a déclaré l'acteur. «Je ne suis pas un criminel, j'ai glissé sur mon scooter, je me suis endormi, voilà. Vous savez... avoir un petit peu d'alcool dans le sang, si je prend une salade un peu trop vinaigrée je dépasse déjà la limite», a expliqué le comédien.

Le 29 novembre, après une chute de scooter sans gravité à Paris, il avait subi un contrôle qui avait permis de déterminer qu'il avait 1,8 g d'alcool par litre de sang alors que le taux autorisé en France est limité à 0,5 g. Il risque 4.500 euros d'amende et jusqu'à deux ans de prison. Après son absence mardi, il va être renvoyé prochainement devant un tribunal.

Cet épisode judiciaire s'inscrit dans le cadre d'une série de rebondissements pour l'icône du cinéma français qui l'a vu depuis décembre s'exiler en Belgique pour raisons fiscales, être traité de «minable» par le gouvernement français, rejeter son passeport français, en accepter un autre russe et peut-être bientôt un belge, et parader en Mordovie, une république russe.

«Fragilité d'acteurs»

L'affaire au retentissement international inquiète plusieurs proches de cette forte personnalité de 64 ans, amateur de bonne chère et de bons vins, et qui a subi il y a quelques années un quintuple pontage coronarien.

«C'est quelqu'un qui a des bourrasques, qui est extrêmement malheureux, qui est inconsolable - vous savez pourquoi - et qui se démène pour essayer de vivre encore», a dit en début de semaine à la radio RTL son ex-épouse, Elisabeth Depardieu, faisant allusion à leur fils Guillaume mort en 2008 à 37 ans d'une pneumonie foudroyante. «Quand quelqu'un est aussi perdu que ça, est-ce qu'il faut lui jeter la pierre ?», s'est-elle interrogée.

Il «cherche une sortie de route et on l'y a poussé», a renchéri mardi sur RTL Bertrand de Labbey, l'agent artistique de Gérard Depardieu. «J'en suis très malheureux et très inquiet. Il va errer dans le monde entier (...) C'est quelqu'un qui a le coeur fatigué», a-t-il ajouté, le qualifiant lui aussi d'«homme malheureux qui ne s'est jamais remis de la disparition de son fils».

«Je crains avec tout ça, qu'on le tue», a affirmé dans la même veine une autre vedette française, l'acteur et metteur en scène Denis Podalydès. Gérard Depardieu «a basculé complètement dans le monde de la fiction», a-t-il déploré dans un entretien avec l'AFP.

Ex-agent de l'acteur entre 1970 et 1994, Jean-Louis Livi juge pour sa part dans le journal Le Monde que son comportement provoquant «s'apparente à un suicide», citant les destins tragiques de Patrick Dewaere, Marilyn Monroe et Romy Schneider.

Parmi les nombreuses frasques de Gérard Depardieu ayant défrayé la chronique, il avait assommé un paparazzi en Italie en 2005, uriné dans la cabine d'un avion assurant le vol Paris-Dublin en 2011, et frappé un automobiliste à Paris en août 2012.