Pleins feux sur le western spaghetti à Rome: Quentin Tarantino a reçu vendredi soir un prix des mains d'Ennio Morricone et présenté en avant-première son dernier film, Django Unchained, hommage à ces films mythiques des années 1960.

Le prix, attribué par le festival international du film de Rome et qui récompense sa carrière, lui a été remis par le compositeur mondialement connu de la musique d'Il était une fois dans l'Ouest et des autres westerns spaghettis de Sergio Leone.

«C'est un grand honneur de montrer mon western aux plus grands cowboys italiens», a lancé Quentin Tarantino, ému, lors de la cérémonie.

Ennio Morricone a salué «un grand metteur en scène, capable de valoriser tous les thèmes qu'il traite avec grand talent et imagination. Merci pour ce que vous faites pour le cinéma», a-t-il dit.

«J'ai toujours aimé les westerns sous toutes leurs formes, avec un faible pour les westerns allemands. Mais mes préférés sont les westerns macaroni comme on dit aux États-Unis, à cause de leur surréalisme et de leur côté extrême», avait auparavant déclaré Quentin Tarantino, auteur notamment de Pulp Fiction, Kill Bill et Inglorious Basterds, lors d'une conférence de presse.

Le titre de son dernier film est d'ailleurs un hommage à Django de Sergio Corbucci, sorti en 1966, et dont l'interprète du rôle-titre, le beau ténébreux aux yeux clairs Franco Nero, fait une apparition dans Django Unchained.

Entre Corbucci et Sergio Leone, grand maître du genre, Tarantino a refusé de dire «qui est le meilleur». «Leone était pour les épopées gigantesques, y compris esthétiquement, alors que Corbucci est plus simple et prolifique».

«Le regard de Quentin Tarantino a radicalement influencé l'imaginaire des vingt dernières années. C'est un cinéaste profondément américain et en même temps européen, par sa façon d'établir avec le cinéma et son histoire un rapport à la fois analytique et passionnel», a expliqué Marco Müller, directeur du festival, en annonçant la remise du prix.

Le film raconte l'histoire d'un chasseur de primes (Christoph Waltz) qui libère un esclave (Jamie Foxx) et s'allie avec lui pour libérer sa femme (Kerry Washington) des mains d'un terrible propriétaire de plantations (Leonardo DiCaprio).

Il a suscité la polémique aux États-Unis, où le réalisateur afro-américain Spike Lee a dénoncé qu'il ne le verrait pas «par respect pour ses ancêtres». «L'esclavage américain n'était pas un western spaghetti de Sergio Leone. C'était un holocauste», a-t-il dit.

Au cours de sa conférence de presse, Tarantino a déclaré ne pas «vouloir perdre de temps» à répondre à Spike Lee. «Nous avons seulement cherché à faire un film sur ce thème de la meilleure façon possible, mais nous nous attendions à ce qu'il soit attaqué», a-t-il dit. Selon lui, le personnage de l'esclave «comprend le monde de la violence et du racisme aux États-Unis non pas avec la raison, mais avec les tripes, l'instinct et la violence».

Le film sortira dans 500 salles en Italie le 17 janvier.