On savait que le projet de ramener une équipe de la LNH à Québec serait parsemé d'embûches. Mais personne ne s'attendait à ce que la tempête frappe si fort. Trois mauvaises nouvelles en sept jours, c'est suffisant pour soulever des inquiétudes.

Cette séquence noire a commencé mercredi dernier. La Ville de Québec a confirmé que la décontamination du terrain prévu pour le nouvel amphithéâtre coûterait de 30 à 40 millions.

Cette facture inattendue force Régis Labeaume à revoir ses plans. Il a demandé à Claude Rousseau, un gestionnaire aguerri, de lui soumettre des recommandations. Le 31 mars, la Ville décidera d'aller ou non de l'avant avec la construction.

Puis, jeudi, Seattle a annoncé son intention d'ériger un amphithéâtre de 490 millions afin d'accueillir des équipes de la NBA et de la LNH. Du coup, cette ville du nord-ouest américain est devenue une rivale sérieuse de Québec.

Enfin, hier, un journal de Phoenix a donné du poids à la rumeur selon laquelle les Coyotes seraient sauvés. Le groupe de Greg Jamison, l'ancien patron des Sharks de San Jose, annoncerait bientôt l'acquisition de l'équipe.

À première vue, tout cela n'augure rien de bon pour le retour des Nordiques. Mais avant de sauter aux conclusions, examinons chacun de ces enjeux.

1- Les coûts du nouvel amphithéâtre

La question de la décontamination du terrain est dans l'air depuis un an. Si on peut faire un reproche à l'administration municipale, c'est d'avoir déterminé le site de construction avant de connaître parfaitement l'état du sol.

Pour vendre le projet aux plus réfractaires, la Ville a soutenu que l'emplacement de l'amphithéâtre, à l'intersection d'axes routiers importants, donnerait un formidable coup de pouce au développement du secteur.

Cela sera moins vrai si on construit légèrement plus au nord, sur le site de l'hippodrome, à côté du Colisée actuel. L'édifice sera situé en retrait. Mais ce n'est pas une raison pour stopper le projet.

L'écueil principal est lié aux coûts de construction. Dans l'entente entre la Ville et Quebecor Media, on précise que tous les équipements (gradins, salons privés, espaces publicitaires...) doivent être «substantiellement comparables» au nouveau domicile des Penguins de Pittsburgh.

Pas étonnant que le maire Labeaume soit rentré inquiet de sa visite là-bas le mois dernier. Le Consol Energy Center est une magnifique réalisation, qui place la barre haut pour Québec. Quebecor s'attend à un lieu aussi emballant.

Il ne faut pas l'oublier: cette compagnie a aussi la possibilité de retirer ses billes si le «Programme fonctionnel et technique» (PFT), le nom donné aux plans, ne lui convient pas.

Selon les informations qui circulent à Québec, la version initiale du PFT atteindrait plus de 500 millions. Claude Rousseau suggérera des pistes pour ramener la facture à 400 millions. Bâtir un édifice plus petit constitue la meilleure solution.

Pourquoi? D'abord, parce que les sièges situés au balcon supérieur ont un coût unitaire plus élevé.

Ensuite, pour obtenir du succès à long terme, la future organisation des Nordiques devra créer un effet de rareté des billets. L'objectif sera plus difficile à atteindre dans un amphithéâtre de 18 000 sièges.

L'exemple de Winnipeg démontre qu'un stade plus petit, mais dont toutes les places sont vendues plusieurs saisons à l'avance, constitue une formule gagnante. De leur côté, les Sénateurs d'Ottawa doivent multiplier les promotions pour remplir leur grand amphithéâtre.

Claude Rousseau, qui est aussi président des Remparts de Québec, examinera sûrement cette possibilité déjà évoquée par son collègue Patrick Roy. En septembre dernier, en entrevue au Soleil, l'entraîneur des Remparts s'est prononcé en faveur d'un amphithéâtre plus petit, mais «moderne» et «beaucoup moins cher à construire».

Cela dit, il n'existe aucune raison pour que le budget de 400 millions, tout de même généreux, ne soit pas respecté.

2- Le projet de Seattle

Le projet de Seattle est différent de celui de Québec. Un investisseur privé, Chris Hansen, promet 290 millions. Le solde de 200 millions serait obtenu par la vente d'obligations, remboursées grâce aux taxes générées par le nouvel édifice. Ce montage financier n'est pas sans risque et soulève déjà des questions.

Plus important encore: pas question de construire sans l'assurance d'obtenir des équipes de la NBA et de la LNH. Le défi n'est pas banal.

Jeudi dernier, un responsable public a affirmé au Seattle Times: «Chris Hansen ne versera pas d'argent sans garantie d'obtenir une équipe. De notre côté, nous ne verserons pas d'argent avant qu'il n'en verse lui-même.»

Bref, beaucoup de fils restent à attacher.

3- L'avenir des Coyotes

Greg Jamison travaille depuis plusieurs mois à l'acquisition des Coyotes. Il ne réussira pas sans l'aide financière de la Ville de Glendale, où est situé l'amphithéâtre de l'équipe.

L'ennui, c'est que l'agence Moody's a réduit la cote de Glendale en raison de ses subventions à la LNH. Sa marge de manoeuvre est plus étroite. Et l'Institut Goldwater, un groupe de pression dont la vigilance a empêché la vente de l'équipe l'an dernier, dénoncera tout arrangement qui ressemblerait à un «cadeau» aux acquéreurs.

Une autre question demeure: est-il possible qu'une équipe de la LNH en Arizona fasse ses frais? Les Coyotes perdent de l'argent depuis leur arrivée dans le désert.

Conclusion

Oui, une tempête secoue Québec. Mais comme toutes les autres, elle ne sera pas éternelle. Si Claude Rousseau remet le train sur ses rails, l'optimisme reviendra.

Et si les Coyotes restent à Phoenix, ce qui n'est pas encore fait, n'oublions pas que la LNH aligne d'autres concessions boiteuses.

Photo: AP

Les derniers événements laissent croire que les Coyotes resteront à Phoenix, au grand plaisir de cette partisane.