La carrière de l'acteur de télévision légendaire Bill Cosby, créateur de la série familiale culte Cosby Show, semblait compromise après la pluie d'accusations d'agressions sexuelles qui ne cesse de s'abattre sur lui depuis plusieurs semaines.

«Il essaie de continuer ses spectacles mais les dégâts pourraient être irrévocables», a estimé lundi le magazine People, bible des célébrités, à propos du comédien et humoriste de 77 ans, longtemps considéré comme l'idéal du père de famille par de nombreux Américains.

Robert Thompson, professeur de culture populaire à l'université de Syracuse, estime que ces accusations ont «fortement compromis son avenir dans le secteur du divertissement».

Cosby n'avait pas trop souffert des conséquences d'une plainte en nom collectif déposée au civil par 13 femmes en 2005. Mais depuis quelques semaines de nouvelles victimes présumées se sont manifestées.

«Les accusations ne cessent d'affluer, dérangeantes dans leur similitudes», remarque People dans son article de couverture titré: «La chute de Bill Cosby».

Depuis celles proférées par Andrea Constand en 2004, toutes obéissent en effet au même scénario: une victime d'abord droguée à qui Bill Cosby impose des relations sexuelles.

Bien qu'il ne soit formellement accusé d'aucun crime, quelque 20 femmes ont maintenant pris publiquement la parole pour l'accuser d'agressions remontant aux années 60, allant de mains baladeuses au viol en passant par des attouchements.

Beaucoup racontent qu'elles ont été malades après avoir été droguées. Elle évoquent un «trou noir» et expliquent s'être retrouvées dans le lit de l'acteur, puis avoir vomi et avoir été renvoyées chez elles en taxi.

Violeur en série?

«Nous avons peut-être à faire au plus grand violeur en série américain à s'en être tiré pendant aussi longtemps», parce qu'il «s'abritait derrière l'image de Cliff Huxtable», le père de famille affectueux et drôle du Cosby Show, a déclaré au quotidien New York Daily News, Jewel Allison, une ancienne mannequin qui dit avoir été violée par Cosby.

Renforçant la portée de ces allégations, un ancien employé du Cosby Show a affirmé lundi qu'il avait arrangé des paiements allant jusqu'à 2000 dollars pour huit femmes différentes afin d'acheter leur silence.

«Je me sentais comme un maquereau», a déclaré Frank Scotti à la chaîne NBC, ajoutant pour le New York Daily News que Cosby lui avait demandé de mettre son nom à lui sur les ordres de paiement. «Il a trompé tout le monde», a-t-il ajouté.

L'avocat de Bill Cosby a balayé ces accusations en affirmant que M. Scotti cherchait «son quart d'heure de célébrité», et appelé les médias à arrêter de «diaboliser» M. Cosby.

Le comédien n'a quant à lui presque pas réagi. Il a simplement déclaré vendredi au quotidien Florida Today, après un spectacle où il avait été applaudi: «Je sais que les gens en ont assez de me voir garder le silencieux, mais un homme n'a pas à répondre aux insinuations».

Bill Cosby, mondialement célèbre grâce à son rôle de patriarche d'une sympathique famille noire bourgeoise dans le sitcom The Cosby Show, diffusé sur NBC entre 1984 et 1992, est au centre de ce scandale depuis qu'un comédien, Hannibal Buress, l'a qualifié de «violeur» lors d'un spectacle le mois dernier à Philadelphie, ville natale de l'acteur.

La participation de Cosby a été récemment annulée dans une émission à grande audience sur CBS, le «late show with David Letterman», le site de «streaming» Netflix a lui aussi décommandé une émission spéciale et des spectacles l'ont aussi été à travers le pays.

Mercredi, NBC a également annoncé l'abandon d'un projet de série qui devait marquer un grand retour de Cosby.

Pour Steve Barrett, de la revue spécialisée dans les relations publiques PR Week, «le poids des accusations qui continue à se multiplier contre Bill Cosby (...) ne sera pas levé tant qu'il ne les affrontera pas directement».

«Jouer le silence le fait apparaître coupable aux yeux de l'opinion publique, (...) tant que cette communication à un seul sens continue, c'est difficile pour sa réputation de rester intacte», a-t-il conclu.