Fils de l'actrice Mia Farrow et du réalisateur Woody Allen, Ronan Farrow est un Américain pressé: déjà conseiller, journaliste et avocat, il s'est lancé lundi à 26 ans dans une nouvelle aventure, la télévision.

Allure de séducteur et regard bleu qui lui ont valu l'an dernier de figurer en 10e place de la liste des hommes les plus sexy du monde du magazine People, Ronan Farrow, très à l'aise et extrêmement vif, a présenté le premier numéro de son «Ronan Farrow show»: une émission quotidienne d'une heure sur les grands dossiers d'actualité, sur la chaîne d'information en continu MSNBC.

L'Ukraine, l'arrestation du trafiquant de drogue mexicain Joaquin «Chapo» Guzman, le débat sur l'augmentation du salaire minimum aux États-Unis étaient au menu, avec experts et appel aux téléspectateurs pour qu'ils réagissent instantanément sur Twitter.

En dépit de sa célèbre lignée, le jeune homme, longtemps, avait réussi à préserver un relatif anonymat.

Mais il avait fait les gros titres en octobre dernier quand sa mère avait déclaré à Vanity Fair, en réponse à une question, qu'il était «peut-être» le fils de Frank Sinatra. Sinatra était le premier mari de Mia Farrow, avec lequel elle n'avait de son propre aveu «jamais vraiment rompu».

«Nous sommes tous 'peut-être' le fils de Frank Sinatra», avait alors répondu sous forme de pirouette Ronan Farrow sur son compte Twitter, très suivi.

Né Satchel Farrow en décembre 1987, sa vie ressemble à un film en accéléré, avec des études impressionnantes, et son lot de paillettes hollywoodiennes et de déballage médiatique, notamment lors de la séparation féroce de ses parents quand il avait 4 ans. Satchel choisira ensuite son deuxième prénom, Ronan. Il n'a plus eu de relation avec Woody Allen depuis des années.

Recruté par l'administration Obama

«J'ai toujours eu gravé en moi un sens du service public», a expliqué le jeune homme la semaine dernière à l'humoriste politique Jon Stewart, l'attribuant à son enfance au milieu de frères et soeurs souvent handicapés, adoptés de pays différents par sa mère. «Cela m'a donné envie non pas d'avoir 14 enfants, mais de rendre quelque chose» au monde, a-t-il dit.

À 11 ans, il rentre à l'université de Bard, dans l'État de New York, en sort diplômé à 15, est admis à la faculté de droit de la prestigieuse université de Yale l'année suivante. Il préfère d'abord «faire une pause», pour travailler deux ans à l'ONU, porte-parole pour la jeunesse à l'Unicef, s'impliquant dans la défense des femmes et enfants au Darfour. Il s'y rend à plusieurs reprises avec sa mère.

On le retrouve ensuite à la commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants, travaillant sur les questions des Droits humains.

À 21 ans, diplôme d'avocat en poche, il est recruté par l'administration Obama. Il travaille d'abord comme conseiller aux affaires humanitaires et aux ONG auprès du représentant spécial pour l'Afghanistan et le Pakistan Richard Holbrooke. En 2011, il devient le conseiller spécial d'Hillary Clinton au Département d'État, responsable des questions de la jeunesse.

Et en 2012, le voilà à Oxford, après avoir obtenu la très prestigieuse bourse Rhodes, comme avant lui l'ancien président Bill Clinton.

Le Département d'État, confie-t-il, est une «grosse machine». Il était difficile d'y «faire une différence».

D'où cette émission quotidienne à la télévision, où il espère «mobiliser les gens» et se faire un nom bien à lui, loin de ses célèbres parents.