La star américaine Madonna a obtenu vendredi le feu vert de la plus haute autorité judiciaire du Malawi pour adopter un deuxième enfant dans ce petit pays pauvre d'Afrique australe, après s'être vu refuser en première instance la garde de cette fillette de trois ans.

«Des parents étrangers s'occuperont mieux de (Mercy) Chifundo James» qu'on ne le fait à l'orphelinat où elle vit actuellement, ils «lui donneront de l'amour et de l'affectation», a déclaré le juge de la Cour suprême du Malawi, Lovemore Munro. Madonna, divorcée depuis novembre et mère de deux enfants biologiques et d'un petit Malawite adopté, a les moyens financiers de s'occuper d'un autre enfant, a encore estimé le juge.

«En conséquence, nous lui accordons l'adoption» de Mercy, âgée de trois ans, a-t-il conclu au terme d'une audience de 90 minutes.

Madonna, âgée de 50 ans, ne se trouvait pas au Malawi au moment de l'annonce de la Cour suprême.

Elle «est ravie par (cette) décision de justice», a réagi son avocat Alan Chinula, qui a appelé depuis Blantyre la chanteuse pour lui annoncer la nouvelle.

La star «ne viendra pas chercher» Mercy, a-t-il cependant ajouté à l'AFP. La fillette voyagera «la semaine prochaine (...) avec des personnes qui travaillent» pour Madonna, a-t-il encore dit.

Madonna s'était vu refuser en première instance l'adoption de la fillette. Elle avait fait appel de cette décision, un recours qui a été accepté vendredi par la Cour suprême.

En avril, un tribunal de Lilongwe avait justifié son refus en estimant que Mercy ne vivait plus dans la pauvreté. Il avait aussi expliqué que la chanteuse n'avait pas respecté l'obligation de séjourner au Malawi pendant dix-huit mois, comme doivent le faire les étrangers souhaitant adopter un enfant dans ce pays, et qu'accorder un passe-droit à Madonna risquait de favoriser le trafic d'enfants.

Madonna avait déjà échappé à cette disposition lors de l'adoption en 2008 du jeune David, provoquant la colère d'organisations non gouvernementales opposées aux adoptions internationales.

L'une de ces organisations malawites, Eye of the Child, a dit vendredi «respecter la décision» rendue par la Cour suprême. Son directeur, Maxwell Matewere, a cependant appelé à l'adoption d'une législation spécifique sur l'adoption internationale au Malawi, qui n'existe pas actuellement et laisse du coup les juges décider au cas par cas.

La petite Mercy vit dans un orphelinat depuis la mort de sa mère, décédée du sida quelques jours après sa naissance le 22 janvier 2006. Madonna l'avait rencontrée en octobre 2006 dans un foyer pour orphelins de victimes du sida.

En mai dernier, un Malawite âgé de 24 ans avait affirmé être le père de l'enfant. Il avait assuré être prêt à l'élever, alors qu'il ne l'avait jamais rencontrée. Mais vendredi, la Cour suprême a estimé que le père biologique de Mercy n'était pas connu.

Pour justifier le feu vert donné à Madonna, la justice a aussi insisté sur le fait que Madonna avait investi de l'argent et passé du temps depuis 2006 au Malawi, où elle a créé la fondation «Raising Malawi» pour venir en aide aux enfants.

La pop star a fait construire un centre qui accueille plus de 8.000 orphelins dans le village de Mphandula, près de Lilongwe.

Au Malawi, où plus de la moitié de la population vit avec moins de 1 dollar par jour, quelque 560 000 enfants ont perdu au moins l'un de leurs deux parents à cause du sida.