Le guitariste des Rolling Stones, Keith Richards, a prévu de fêter discrètement ses 65 ans jeudi, encore fringant après une vie de débauche entre relents d'alcool et vapeurs d'opium.

Richards, dont le mythe tient autant à ses excès qu'à son jeu unique, atteint l'âge symbolique de la retraite cinq mois après Mick Jagger, son fougueux alter ego au sein des Rolling Stones.

Longtemps abonné aux Unes de la presse à scandale, Richards s'est un peu assagi. Ce 65e anniversaire, «il veut le garder très privé», a indiqué à l'AFP son porte-parole.

L'année 2008 a été calme pour les Stones, seulement marquée par la sortie de Shine a Light, le documentaire de Martin Scorsese tourné en 2006 lors de deux concerts du groupe à New York.

Richards, qui continue à promener sur scène son visage émacié et parcheminé, un bandeau posé sur ses cheveux noirs drus et frisés, a prêté en février son image au groupe français de luxe Louis-Vuitton.

Un accroc à sa légende de rebelle justifié par le versement des bénéfices à une association sensibilisant au réchauffement climatique.

Autant que sa mémoire le lui permette, il oeuvre aussi à une autobiographie co-écrite avec un journaliste, qui doit paraître en 2010. Un livre qui retracera son parcours depuis sa naissance le 18 décembre 1943 à Dartford, dans le Kent, au sud de Londres, ville dont est aussi originaire Jagger.

Initié par sa mère à la musique de Billie Holiday et Louis Armstrong, il croise une première fois Jagger en 1951 à l'école primaire.

Un temps séparés, ils se retrouvent en 1959 pour fonder les Rolling Stones avec Brian Jones, mordu comme eux de blues.

Dès 1965, la consécration arrive avec la chanson (I Can't Get No) Satisfaction, dont Richards dit que le riff lui est venu dans son sommeil.

Leur image de voyous enclins à toutes les outrances, l'érotisation de leurs prestations scéniques les placent aux antipodes des sages Beatles.

Richards sort une première fois du droit chemin en 1967, en étant condamné à un an de prison pour possession de drogue. Le public s'indigne et la peine est révoquée en appel.

Il s'acoquine avec Anita Pallenberg, l'ex-petite amie de Brian Jones, qui lui donnera deux de ses quatre enfants.

Ses soucis avec la drogue deviennent chroniques. Le «laboratoire chimique humain», tel qu'il s'est un jour défini, se fait arrêter en possession d'héroïne en 1977 à Toronto par la police montée canadienne.

Pour obtenir la clémence de la justice, il entre en cure de désintoxication. La drogue, «j'ai arrêté parce que j'allais en crever», dira-t-il en 1986. Avant de se reprendre un peu plus tard: «Je n'ai jamais eu de problèmes avec la drogue, uniquement avec les flics».

Après l'épisode canadien, les Stones reviennent en 1978 avec l'excellent album Some Girls. Au début des années 80, Jagger tente d'amener le groupe vers une pop plus moderne. Richards, qui épouse Patti Hansen en 1983, est contre.

L'existence des Stones paraît menacée quand Jagger se lance en 1985 dans une carrière solo. Mais les rumeurs sur leur séparation s'éteignent avec l'album Steel Wheels en 1989, prélude à une tournée géante.

En 2003, Jagger est anobli. «Mick a fait tellement de conneries qu'on n'en est plus à une près», cingle Richards, qui dit douter qu'on lui accorde pareil honneur, car «ils savent où je leur dirais de se le mettre».

Sa chute d'un cocotier aux Fidji en 2006 nourrit son image de risque-tout insane. Comme son apparition en 2007 dans le film Pirates des Caraïbes, où il interprète le rôle du père du Capitaine Jack Sparrow.

Toujours crâneur, il affirme la même année avoir sniffé les cendres de son père avec «un peu de coke». Avant de se rétracter et d'assurer les avoir bien fumées, mais sans la cocaïne.