La coïncidence mérite d'être soulignée. La jeunesse - ou genèse - de deux personnages qui ont hanté le grand écran et, auparavant, des romans a fait l'objet, en même temps, d'adaptations télévisuelles: Hannibal Lecter de The Silence of the Lambs est mis en scène dans Hannibal (13 épisodes, en anglais avec sous-titres anglais ou français) et Norman Bates de Psycho, dans Bates Motel (en anglais avec sous-titres anglais). Deux séries assez réussies pour que leurs deuxièmes saisons soient déjà en chantier.

Sur le plan artistique et de l'écriture, la première est d'une qualité supérieure. En fait, visuellement, Hannibal est spectaculaire. Et dérangeante. Jamais la mort n'a été aussi horriblement magnifiée au petit écran. Le résultat suscite le malaise. Par exemple, ces victimes «transformées» ici en totem, là en anges par un bourreau qui les a agenouillées, écorchées et a déployé leur échine comme des ailes. Le meurtre comme l'un des beaux-arts? Il faut s'atteler.

Et ce n'est qu'une des deux facettes d'Hannibal. Un autre genre de «boucherie» suit de près, puisque le docteur Lecter (Mads Mikkelsen, glaçant en monstre raffiné et gentleman), cannibale comme on le sait, multiplie les repas avec invités - entre deux enquêtes. Puisqu'il agit à titre de conseiller auprès du FBI, en particulier pour seconder le très instable agent Will Graham, qui a la faculté d'«entrer» dans la tête des tueurs en série. De quoi vous perturber une normalité, quoi. Interprété par Hugh Dancy (excellent), Graham est en fait au coeur de cette série exigeante, complexe dans ses intrigues comme dans ses personnages.

Bates Motel affiche pour sa part des couleurs plus conventionnelles. On y explore la jeunesse de Norman Bates. Il a 17 ans. Mother, qui se prénomme Norma (oui, Norma et Norman...), est bel et bien vivante, et ils viennent d'acheter le vieux motel que l'on sait, dans un village côtier. Viendra les rejoindre cet empêcheur de tourner en rond qu'est le fils et frère aîné, Dylan.

L'exploitation de la psychologie de ce triangle dysfonctionnel est très bien faite, d'autant plus que Freddie Highmore en Norman rappelle incroyablement Anthony Perkins; et que Vera Farmiga sait jouer de la séduction aussi bien que de la perversion. C'est quand on sort de cette dynamique que les choses se gâtent: au thriller psychologique, on a ajouté des intrigues à saveur policière, différentes en ton du filon original. Elles semblent sorties d'une autre série. Dommage.

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HANNIBAL 1. CRÉÉE PAR BRYAN FULLER. AVEC HUGH DANCY, MADS MIKKELSEN, LAURENCE FISHBURNE, CAROLINE DHAVERNAS. SORTIE: 24 septembre.

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BATES MOTEL 1. CRÉÉE PAR SHAUWN RYAN. AVEC FREDDIE HIGHMORE, VERA FARMIGA, MAX THIEROT, NESTOR CARBONELL. SORTIE: 17 septembre.