Après cinq années grisantes et trois journées d’intenses spéculations, le couperet est tombé : Sébastien Delorme et District 31, c’est terminé. « J’aurais voulu continuer jusqu’à la fin », confie le comédien en entrevue.

Lundi soir, au cours d’un épisode riche en émotions, l’auteur Luc Dionne a scellé le sort du personnage que Sébastien Delorme défendait depuis 2016. Le sergent-détective Stéphane Pouliot, affectueusement surnommé Poupou par 1 800 000 téléspectateurs, a été retrouvé mort dans son véhicule, après avoir été tiré à bout portant par Joël Racicot (Sébastien Leblanc), individu soupçonné de trafic de kratom, un produit naturel parfois fatal.

Joint au téléphone, l’acteur s’est avoué déçu, mais rempli de gratitude.

« Je suis content d’avoir pu goûter au niveau de succès de District 31. C’est le genre de chose qui n’arrive qu’une seule fois dans une carrière… quand on est chanceux. Mais je suis un gars d’équipe. J’aime mener les choses à terme. J’étais en poste au jour 1, j’aurais aimé y être jusqu’au bout, mais bon… Ce n’est pas moi qui décide. »

Sébastien Delorme a appris qu’il quittait la série en juillet, deux semaines avant d’entamer le tournage des nouveaux épisodes.

J’ai trouvé ça difficile, c’est sûr. Je m’étais attaché. Parce que District, c’est intense. J’ai fait plus de 500 jours de tournage avec mes amis. Ça a été mon quotidien pendant cinq ans. À certains moments, j’ai même dû m’excuser à mes enfants tellement j’étais absent. Je voyais plus mes collègues de travail qu’eux.

Le comédien Sébastien Delorme

Aujourd’hui, après des montagnes russes d’émotions, Sébastien Delorme semble en paix avec son départ du populaire drame policier.

« À partir du moment où j’ai parlé à Luc [Dionne], quand il m’a expliqué le comment du pourquoi… C’est ce qui m’a permis d’accepter la décision. Il m’a dit qu’après cinq saisons, il avait besoin de brasser les cartes, pour faire avancer l’histoire, pour pouvoir rouler sur d’autres sujets. »

PHOTO FOURNIE PAR RADIO-CANADA

Sébastien Delorme dans District 31

Forte réaction du public

Avec Gildor Roy, Vincent-Guillaume Otis et Michel Charette depuis les tout débuts, ainsi que Catherine Proulx-Lemay, Catherine St-Laurent et Geneviève Brouillette depuis quelques années, Sébastien Delorme faisait partie du noyau central de District 31.

Il avait frôlé la mort à quelques reprises au fil du temps. Les fidèles se souviendront qu’en 2017, trois projectiles l’avaient atteint en pleine rue, résultat d’un règlement de comptes commandé par Donald Welsh (Martin Larocque).

L’acteur savait que l’auditoire allait réagir à la mort de Stéphane Pouliot, mais jamais avec autant d’ardeur. Depuis jeudi soir, des messages de téléspectateurs à fleur de peau abondent sur Facebook et Twitter.

« Dans la rue, les gens m’arrêtent pour m’offrir leurs condoléances ! Beaucoup d’entre eux me remercient d’avoir fait une bonne job pendant toutes ces années. Ça fait plaisir à entendre. C’est touchant. Pour moi, ça vaut plus que n’importe quel prix. »

De son propre aveu, Sébastien Delorme n’est pas « quelqu’un qui aime faire des speechs ». Mais après sa dernière journée de tournage sur District 31, au mois d’août, il s’est retrouvé devant l’équipe et n’a pas pu s’empêcher de livrer quelques mots.

« Je trouvais ça important de parler de tout ce qui s’était passé en cinq ans. Nos vies respectives ont beaucoup changé durant cette période. La mienne, entre autres. [Il s’est séparé de l’actrice Julie Perreault en 2019 après 20 ans de vie commune.] À travers tout ça, mes collègues de travail sont inévitablement devenus mes proches. »

Sébastien Delorme est fier du travail qu’il a accompli dans cette série au rythme de tournage effréné. Il est également satisfait des derniers moments de Stéphane Pouliot, une scène tournée en une seule prise, comme la plupart d’entre elles.

« Je suis content. Quand j’ai regardé la scène, dans mon regard, c’est l’émotion du moment que j’ai vue. L’écriture de Luc [Dionne] est pleine de rebondissements. Ça m’a donné la chance de performer comme acteur. »

Libre comme l’air

Sans tournages de District 31 pour garnir son agenda, Sébastien Delorme est « libre comme l’air », dit-il lui-même. Depuis quelques semaines, l’amateur de sport occupe ses journées en multipliant les sorties à vélo.

« J’ai roulé 2000 km jusqu’à date ! s’exclame-t-il. Ça m’a permis de décanter ce que j’avais vécu. Ce n’est pas mauvais de s’arrêter et d’avoir une réflexion sur ce qu’on fait. »

À 50 ans, Sébastien Delorme se retrouve de nouveau « devant l’inconnu ». Mais après une sélection aux Gémeaux et deux citations au Gala Artis pour District 31, il entrevoit le prochain chapitre avec confiance.

« C’est correct d’explorer de nouvelles choses. En choisissant de devenir acteur, je n’avais pas envie de quelque chose de stable, et c’est ce qui arrive présentement. C’est la réalité du métier. »