«Au trou, salope!» et «Tu pues, grosse vache» font maintenant partie du quotidien de Claire Jacques. Tout ça à cause de son personnage dans la septième et dernière saison d'Unité 9, Solange «Brownies» Chrétien, qui brasse beaucoup d'air. Un air que les autres détenues qualifieraient de nauséabond...

«L'autre jour, j'arrive dans l'autobus et le chauffeur m'accueille en me disant: ‟J'espère que vous ne chierez pas dans l'autobus!"», raconte Claire Jacques, l'actrice qui incarne Solange Chrétien dans Unité 9 à Radio-Canada.

Elle a rétorqué qu'il était loin d'être le premier à l'invectiver de la sorte: «Monsieur, vous êtes 300 personnes à me dire ça par jour!»

Par contre, de la part d'un conducteur d'autobus, ça, c'était une première.

Claire Jacques incarne une détenue atteinte du syndrome de Diogène. «Elle ne se lave pas, elle ne se ramasse pas. Et en plus, elle est agressive verbalement», résume-t-elle, en ajoutant qu'elle sait que «plusieurs comédiennes ont refusé d'auditionner pour le rôle à cause de son physique».

Il s'agit du plus important rôle pour la comédienne, qui est extrêmement reconnaissante à l'auteure Danielle Trottier d'avoir créé un aussi beau personnage.

Même si la série attire environ 1,4 million de téléspectateurs chaque semaine, la comédienne n'avait pas réalisé qu'elle deviendrait, du jour au lendemain, une personnalité connue. 

«Depuis le 12 septembre [lendemain de la diffusion du premier épisode], dès que je mets le pied dehors, on m'arrête.»

Il y a des inconnus qui la félicitent pour la justesse de son jeu. Il y en a d'autres qui lui crient: «Va-t'en au trou, ma grosse sale!» Les remarques sur son physique sont loin d'être rares.

«Quand on a un métier qui est public, il y a des conséquences qui viennent avec ça. On peut recevoir beaucoup d'amour, mais on peut aussi recevoir le contraire. Moi, je reçois les deux présentement.»

Il reste qu'elle est surprise lorsque des gens s'adressent à elle comme s'ils parlaient à «Brownies». Un peu (beaucoup ?) comme s'ils ne faisaient pas la différence entre la fiction et la réalité.

Elle ajoute même qu'à quelques reprises, elle a été physiquement mal à l'aise en raison de l'attitude d'inconnus à son égard. «Il y en a qui ont mis leur nez dans mon cou, pour me sentir, et m'ont dit: ‟Ah ben, vous sentez bon finalement, Madame!"»

«Vous savez, il y a des gens dans les années 60 qui envoyaient des boîtes de vêtements et de nourriture à Radio-Canada pour Donalda [Les pays d'en haut]. Andrée Champagne m'en a déjà parlé d'ailleurs... Et je vous avouerai que j'ai un peu pensé à ça lorsque j'ai commencé à recevoir des commentaires», dit-elle.

Assumer ses choix artistiques

Télé-Québec diffusait hier le documentaire Troller les trolls avec Pénélope McQuade qui traite notamment des personnalités qui se font intimider sur les réseaux sociaux. Claire Jacques, comme la majorité des personnalités publiques, a aussi reçu son lot de messages haineux du type «ça pue jusque dans mon salon».

Malgré tout, elle garde la même position: il y a des conséquences à exercer un métier public et il faut assumer ses choix.

«Quand on entre dans l'intimité des gens via le petit écran, les gens se sentent très confortables à vous dire ce qu'ils pensent. Par contre, ça n'excuse pas la cyberintimidation, je tiens bien à le spécifier, entre autres pour Safia Nolin. Ça n'excuse pas ce genre de commentaire ni de menace», dit la comédienne de Mary Poppins et Footloose, au théâtre.

Claire Jacques conclut: «A priori, ce que je veux dire, c'est que lorsque tu décides de te vêtir d'une façon, de te coiffer d'une façon, de chanter d'une façon, de faire ton métier d'une façon, il y a des gens qui vont aimer et il y en a qui vont détester. Et au Québec, on aime aimer et on aime détester.»

Photo Julie Beauchemin, fournie par Agence Luc Myre

La comédienne Claire Jacques est extrêmement reconnaissante à l'auteure d'Unité 9, Danielle Trottier, d'avoir créé un aussi beau personnage.