Chris Brancato, créateur de la série au succès planétaire Narcos, explorera, avec son prochain projet inspiré de la vie du gangster new-yorkais Bumpy Johnson, «la collusion de la pègre avec le mouvement américain pour les droits civiques» au début des années 60.

Le comédien Forest Whitaker a accepté le rôle de Bumpy Jonhson, se réjouit auprès de l'AFP le scénariste. Ce dernier a appris que la chaîne à péage américaine Epix achetait la série au moment où il montait dans l'avion pour rejoindre la France où il préside actuellement le jury du festival Séries Mania de Lille.

«Nous venons de commencer la distribution, et je suis très heureux à l'idée de tourner à New York et à Harlem en particulier, de recréer l'ambiance du Harlem de 1963 dont l'architecture n'a pas du tout changé», dit-il en précisant que le tournage «commencerait fin août ou début septembre».

«Nous sommes en discussion avec un réalisateur très intéressant, de grands talents veulent y participer, c'est très excitant», ajoute le scénariste.

La diffusion de cette série de dix épisodes est attendue à l'automne 2019.

En fiction, «tout a déjà été fait, désormais il faut rafraîchir nos idées et proposer des histoires sous des angles inattendus», souligne Chris Brancato. C'est précisément le parti, affirme-t-il, adopté par cette nouvelle série coécrite, comme Narcos, avec son «ami et collègue» Paul Eckstein.

Garde du corps toujours vivant

«Ce n'est pas une énième série sur la mafia !», promet-il. Il sera ici question de «la collusion de la pègre avec le mouvement américain des droits civiques».

«Bumpy Johnson était ami avec Malcom X», un des leaders de l'émancipation des noirs américains, continue-t-il. «Nous nous risquons à explorer la façon dont la criminalité a touché le mouvement pour les droits civiques et vice-versa.»

Mais contrairement au trafiquant colombien Pablo Escobar que fait revivre Narcos, la carrière criminelle du gangster de Harlem est loin d'avoir été aussi documentée.

«Le plus épatant est qu'un paquet de personnages qui naviguaient dans l'univers criminel de Bumpy Johnson à l'époque sont toujours en vie», dit-il. Et il lui arrive ainsi «d'aller s'asseoir et parler avec certains d'entre eux», comme «avec le garde du corps de Bumpy, âgé de 92 ans, qui a été une source d'information de grande qualité».

Ces éléments glanés sur l'homme, mais aussi sur la vie de l'époque lui ont permis de créer une série plus fictionnelle, mais, estime-t-il, «fidèle» à l'esprit de la carrière du gangster.

Le scénariste de 55 ans, est invité à donner une classe de maitre ce dimanche à Lille dans le cadre de Séries Mania. L'occasion pour lui d'évoquer avec l'AFP l'industrie florissante des séries où «la concurrence est si forte» actuellement et où il devient «très difficile désormais de vendre une série et de la voir diffusée».

Avant l'entrée des plateformes américaines de vidéo sur demande sur le marché qui ont «ébranlé» le système, les diffuseurs se contentaient de produire «leurs bons vieux programmes dont ils répétaient la recette», ironise-t-il. Mais avec cette nouvelle concurrence féroce, ils réalisent qu'ils n'ont plus le choix que «d'entrer dans la course à la qualité».