Après six saisons à la barre d'Accès illimité aux côtés d'Anouk Meunier, Jean-Philippe Dion revient avec une nouvelle émission, La vraie nature. Rencontre avec cet animateur discret qui a l'intention de prendre de plus en plus sa place.

Jean-Philippe Dion est persuadé qu'il doit sa carrière à Stéphane Laporte et, par la bande, à Julie Snyder. C'est avec eux qu'il a notamment appris à défoncer les portes pour offrir de la bonne télé.

Assis dans un café du Mile End, il multiplie les anecdotes insolites, avec énergie et un débit rapide. Il y a entre autres cette fois où il est parti seul en Grèce pour retrouver Jacques Michel, alors qu'il n'avait aucune idée d'où il pouvait être dans ce pays-là. « Julie m'a demandé de trouver son bateau parce qu'elle voulait qu'il soit dans un spécial sur Nathalie Simard. Eh bien, j'ai réussi à le trouver ! L'équipe de tournage et Nathalie Simard sont venues me retrouver deux jours plus tard. J'ai vécu des choses comme ça qui n'ont pas de bon sens... Alors, aujourd'hui, il n'y a pas grand-chose qui me fait peur. »

Avant de se retrouver à l'écran, Jean-Philippe Dion a cumulé les emplois derrière la caméra. Il a commencé par « retranscrire de 5 h à 9 h du matin ce qui se passait à Star Académie », pour ensuite assister Stéphane Laporte à la réalisation de cette téléréalité. Petit à petit, il est devenu recherchiste, chroniqueur, producteur au contenu, animateur, producteur exécutif et maintenant vice-président au contenu et stratégie aux Productions Déferlantes. Gravir les échelons, il connaît ça.

Avoir un impact

Qu'est-ce que Stéphane Laporte a vu en ce jeune homme qui venait de décrocher son diplôme d'études collégiales en communication ? « Je crois que c'est le sens du contenu. De saisir ce qui est pertinent. Et ça, je crois que tu l'as ou tu ne l'as pas dans la vie », dit celui qui célèbre son 34e anniversaire aujourd'hui.

L'importance du contenu reviendra à de nombreuses reprises dans la conversation. Lorsqu'il conçoit « de A à Z » Accès illimité, il imagine déjà de petits documentaires où « on laisse le temps aux artistes de se raconter ».

« Je voulais qu'il y ait une répercussion dans le milieu culturel. Et il y en avait ! Nous avons fait exploser les lignes téléphoniques du Théâtre du Rideau Vert, où Mélanie Maynard allait jouer. Pendant la diffusion de l'émission [qui lui était consacrée], Francis Cabrel a vendu trois salles au complet. Des artistes ont vu leurs ventes d'albums doubler. Et ça, c'est ma fierté. Notre but était de montrer que ces artistes sont attachants pour que les gens veuillent ensuite consommer leurs oeuvres », explique le coanimateur, créateur et producteur exécutif de l'émission de TVA.

Il ira jusqu'à confier que ce désir de laisser toute la place à ses invités a nui à son image d'animateur.

« Ça ne fait pas longtemps que je sens que mon nom au complet existe. Les trois premières années d'Accès illimité, les gens ne le connaissaient pas. On m'appelait Jean-François, chose Dion, mais pas Jean-Philippe Dion. »

Un jour, C'est juste de la TV a fait un sondage pour savoir qui devrait remplacer Guy Jodoin à Sucré salé : « Moi, je voulais faire ce job et j'avais envoyé mon C.V. Deux personnes m'ont nommé dans le sondage et d'autres personnes ont écrit que je n'étais pas drôle, que j'étais plate. Ça m'a blessé, parce que dans la vie, je suis funny. Je me suis aperçu que ce n'était pas l'image que les gens avaient de moi », explique-t-il.

L'animateur a décidé de faire des changements pour que cette perception s'estompe. Cela a porté ses fruits. Après la dernière saison d'Accès illimité, il a décroché un contrat d'animation à Rythme FM (le midi avec Mitsou) et il a signé une nouvelle émission, La vraie nature, dont la première aura lieu ce soir à TVA.

Dans cette nouvelle émission « de style documentaire », trois personnalités qui se connaissent peu se retrouvent dans un chalet pendant 24 heures. Des archives inédites permettent également de relater l'enfance, l'adolescence et le début de carrière de chacun d'entre eux. « Le résultat est au-delà de mes espérances. »

Monsieur le producteur

Même s'il assume maintenant l'étiquette d'animateur, Jean-Philippe Dion continue de travailler énormément derrière la caméra. Parmi les projets où son nom figure au générique, il y a Mitsou et Léa (diffusée à Moi & Cie) à titre de producteur exécutif, ainsi que Les dieux de la danse (à ICI Radio-Canada Télé) comme producteur.

« Une des premières choses que le producteur Jean-François Boulianne, d'Attractions Images, m'a dites en me donnant ce projet, c'est : "Ton mandat est de faire un show qui va permettre à Jean-Philippe Wauthier d'être finaliste au gala Artis" », dit Dion, en ajoutant, avec un sourire en coin, que Wauthier a effectivement reçu sa première sélection au gala Artis l'année suivante.

Parmi les autres projets qui réjouissent le vice-président au contenu et stratégie aux Productions Déferlantes, il y a un documentaire qu'il prépare avec Alexandre Taillefer sur la santé mentale. « Le rôle d'un producteur n'est pas juste de divertir. Tu as un devoir. Tu peux passer des messages, tu peux utiliser ça pour faire avancer la société. »

Le documentaire, intitulé Bye, sera diffusé le 5 décembre à Radio-Canada, « à heure de grande écoute ». « Je pense que c'est un projet qui va faire jaser. Et je crois que le gouvernement n'aura pas le choix de modifier des lois et des comportements », dit-il.

Encore ici, l'importance du contenu est au coeur de son discours.