Si vous avez suivi Olivier depuis le début de la saison, le lundi à 21 h, vous savez combien chacune des présences de soeur Noëlla arrivait comme un baume sur nos douleurs. Un personnage rude et coloré en même temps, comme ses paparmanes roses si réconfortantes.

On a parlé, à raison, du charismatique petit Anthony Bouchard, la vedette de la série de Serge Boucher sur ICI Radio-Canada Télé. Disons que la forte présence d'Isabelle Vincent, mon coup de coeur de la rentrée télévisuelle, apporte aussi beaucoup de vérité à cette histoire parfois cruelle, inspirée du livre de Josélito Michaud, Dans mes yeux à moi.

On parle rarement des religieux autrement que pour en faire la critique, ou pour les montrer comme des agresseurs d'enfants. Tout le contraire, cette fois. C'est quand même grâce à madame la directrice - répétez en roulant les «r»! - que le petit Olivier a pu s'extirper des griffes de M. Surprenant, joué par Sébastien Ricard, un des personnages les plus infâmes de notre télé. «À cette époque, il y a eu beaucoup de religieux qui avaient la vocation, qui aimaient les jeunes et qui souhaitaient le meilleur pour les enfants», me rappelle Isabelle Vincent, dont une des tantes était religieuse. 

«Olivier est un hommage à toutes ces femmes-là, qui n'auraient pas eu accès à l'éducation autrement que par les voies religieuses. Des femmes qui tenaient tête à l'autorité.»

Dans tous les documentaires de l'ONF qu'elle a visionnés pour préparer son rôle, une religieuse a particulièrement inspiré Isabelle Vincent: soeur Graziella Lalande, centenaire de la congrégation de Sainte-Croix. Jusque dans la façon de rouler les «r». «La majorité des religieux le faisaient. J'ai beaucoup travaillé mes textes, j'ai même choisi les r que j'allais rouler! Sinon, ça aurait été trop, ça devait avoir l'air naturel, il fallait retrouver la sonorité de l'époque», m'explique l'actrice. «Ça m'a replongée dans ma propre enfance.»

Cette vision progressiste des religieux n'est pas étrangère au passé du réalisateur d'Olivier, Claude Desrosiers, aussi conjoint d'Isabelle Vincent. «Il était assez proche d'un père Sainte-Croix qui faisait de la méditation, qui avait une commune au square Saint-Louis. On était dans la contre-culture des années 70. La vision de Claude du monde religieux est nuancée, de par son expérience», me confie l'actrice, qui a gardé en tête les mots rigueur, simplicité et surtout bienveillance, en jouant soeur Noëlla.

La «magie» d'Anthony Bouchard

Isabelle Vincent n'a que de bons mots pour Anthony Bouchard, aussi vedette du film de Luc Picard, Les rois mongols, actuellement en salle. «À 7 ans, il est entre le jeu et la vérité. Il a tellement une capacité d'abandon, on avait l'impression de jouer face à un adulte. Quand la caméra s'allume, il y a une magie qui opère. Il a une qualité de concentration exceptionnelle. Mais une fois la prise terminée, il avait le goût de manger des bonbons comme n'importe quel enfant!»

Mention spéciale à Bruno Marcil, avec qui Isabelle Vincent travaillait pour la première fois, très bon en curé, mais qu'on aimait beaucoup moins au troisième épisode. Sceptique et ambitieux, l'homme à la soutane a failli faire tout foirer.

Les premiers épisodes d'Olivier étaient souvent durs à regarder, parce que la violence contre les enfants nous est insupportable. Il fallait passer par ce purgatoire avant d'accéder à un passage plus lumineux, dès le troisième épisode. Voir Olivier rire, entouré d'amis, faisait du bien. Même s'il doit encore passer des «auditions» pour se faire accepter par de nouveaux parents, dans un processus un peu cruel.

Susciter l'émerveillement

Chaque fois qu'Isabelle Vincent touche à un rôle, elle nous émerveille. La plupart du temps dans des rôles de soutien, mais qui laissent leur empreinte. Pensons à Francine Forget dans Feux, un personnage qui a donné toute une autre trajectoire à l'histoire de Serge Boucher, qu'on a commencé par craindre avant de s'y attacher profondément. Et puis à son irrésistible Louise Nantel dans Les hauts et les bas de Sophie Paquin, égoïste et imbue d'elle-même, mais tellement payante pour un auteur. On peut avoir l'impression que certains comédiens jouent toujours le même rôle, jamais Isabelle Vincent.

Soeur Noëlla a fait ses adieux à Olivier, mais il n'est pas dit qu'on ne la reverra pas. Quant à Isabelle Vincent, on la verra bientôt dans Les Simone, vers la fin de la saison. «Je vais intervenir dans l'engagement social du personnage d'Anne-Élisabeth Bossé», dévoile-t-elle. Après, pour l'instant, rien à la télévision pour la comédienne, par ailleurs très présente au théâtre. Producteurs, précipitez-vous sur cette actrice, qu'on souhaite garder longtemps dans notre paysage télévisuel.

Lundi soir, Olivier a dépassé L'imposteur de TVA dans les sondages, à 683 000 contre 639 000 téléspectateurs. Des chiffres relativement modestes pour des séries de ce calibre, considérant que District 31 en a rallié 1 013 000 à 19 h sur ICI Radio-Canada Télé et Boomerang, 1 024 000 à 19 h 30, à TVA. C'est plus difficile pour Faits divers, qui a baissé à 477 000 à 20 h, contre 993 000 pour L'échappée, à 20 h.

The Good Fight arrive à Séries+

Les fans d'Une femme exemplaire (The Good Wife), qui a pris fin la saison dernière à Séries+, seront heureux d'apprendre que sa série dérivée, The Good Fight, arrivera l'hiver prochain sur la même chaîne. Oubliez Julianna Margulies, qui jouait Alicia, l'histoire tourne cette fois autour de Diane (Christine Baranski), Lucca (Cush Jumbo) et d'un nouveau personnage, Maia, jouée par Rose Leslie, connue des habitués du Trône de fer. L'actrice serait d'ailleurs fiancée à Kit Harington, le Jon Snow de la série de HBO. Dans The Good Fight, Diane Lockhart croit partir pour la retraite quand une énorme tuile lui tombe sur la tête et la force à se joindre à un autre cabinet d'avocats. Aux États-Unis, la série est offerte sur la plateforme CBS All Access, alors que la chaîne W Network la relaie au Canada anglais. Les saisons sont plus courtes: 10 épisodes ont été diffusés l'hiver dernier, et une deuxième saison est prévue en anglais en 2018.