En cet âge d'or des téléséries, La Presse décortique chaque semaine une série qui vaut le coup d'oeil.

C'est quoi?

En ligne depuis une semaine sur Netflix, la série documentaire The Keepers provient de l'équipe de Making a Murderer, qui avait fait grand bruit l'an dernier, aussi sur Netflix. On y racontait la saga judiciaire entourant Steven Avery, dans le Wisconsin, marquée par de nombreuses bavures policières. Le genre d'oeuvre de nature à semer l'indignation, assez puissante pour susciter de nouvelles dénonciations et faire rouvrir une enquête. Alors que Making a Murderer décrivait un milieu pauvre, The Keepers prend sa source dans un collège de filles de Baltimore, le Keough High School, où se tramaient en coulisses des actes criminels profondément dégoûtants. Mais comme la précédente série, celle-ci met en lumière les nombreuses lacunes judiciaires et les ratés de la police, jugée corrompue et incompétente.

Les meurtres

Loin de l'image qu'on pouvait se faire des religieuses, soeur Cathy Cesnik était adorée de ses élèves, d'une très grande beauté et moderne pour son époque. Le genre de prof que toutes les élèves auraient voulu avoir. Le 7 novembre 1969, alors qu'elle n'enseignait plus à Keough, elle disparaissait mystérieusement, avant que son corps ne soit retrouvé deux mois plus tard dans un bois. Elle n'avait que 26 ans. Étrangement, une autre jeune femme fut tuée, Joyce Malecki, quelques jours plus tard, dans des circonstances similaires. 

Le meurtrier

À ce jour, leur meurtrier n'a toujours pas été identifié. Il se trouve que soeur Cesnik, d'une douceur et d'une bonté incommensurables, avait eu vent de ce qui se tramait dans le bureau du directeur de l'établissement, le père Joseph Maskell. Un manipulateur narcissique, profondément malade, d'après les victimes. La religieuse en savait trop. Il a fallu attendre qu'une première victime dénonce son agresseur, 25 ans plus tard, pour qu'on ouvre une enquête sur les agissements du père Maskell.

Les enquêteuses

Près de cinq décennies plus tard, deux anciennes élèves de soeur Cathy, Gemma Hoskins et Abbie Schaub, ont décidé de consacrer leur temps à la résolution de cette affaire, à défaut que la police s'en occupe vraiment. C'est à travers la quête de vérité de ces femmes attachantes, de même que les témoignages de journalistes qui ont enquêté sur l'affaire, qu'on mesure l'ampleur du scandale. Ajoutez à cela d'autres personnages-clés, dont la soeur de Cathy et des victimes de Maskell, dont les récits vous bouleverseront.

Les épisodes

À la façon de Making a Murderer, The Keepers est construite comme un thriller. Chaque épisode se conclut sur une révélation, un punch, qui nous pousse à aller jusqu'au bout des sept épisodes et à prononcer notre propre verdict sur le ou les coupables. J'en ai pratiquement fait des cauchemars, tant l'emprise du père Maskell fait peur. Cet homme, qui osait s'ériger en protecteur, est le diable incarné. Quand vous saurez jusqu'où est allé cet homme de Dieu pour traquer ses victimes, vous en éprouverez des haut-le-coeur.

La suite

The Keepers fait oeuvre plus qu'utile. Gemma et Abbie ont dû déjà recevoir des appuis, et peut-être même des révélations de victimes du père Maskell. Ou alors des pistes qu'elles n'avaient pas envisagées. Qui est mort, qui est encore en vie parmi les protagonistes? Je vous laisse le découvrir en regardant la série, qui risque de vous habiter pendant des jours.

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The Keepers est offert sur Netflix.