Trois épisodes de Terreur 404 caracolaient depuis un certain temps sur ICI Tou.tv. Cinq autres iront les y rejoindre mardi, complétant la première saison de la série web créée par Sébastien Diaz (qui réalise), ainsi que par Samuel Archibald et William S. Messier (qui scénarisent) après avoir «brainstormé» (comme un monstre) à trois têtes.

La série

On est ici dans la réalité qui dérape. «Nous avons misé sur l'étrangeté, l'angoisse», fait Sébastien Diaz. Le point de départ: un geste impliquant les nouvelles technologies, poussé à son pire. Si, par exemple, une préposée aux bénéficiaires s'amusait à prendre des égoportraits en compagnie d'une femme récemment décédée? Ou si un habitué de Facebook recevait une demande d'amitié provenant de quelqu'un portant le même nom que lui? Et ayant la même tête? La même... vie?! Et si l'enfant qui dit avoir vu un monstre derrière le garage ne criait pas au loup? Et si une maison louée par Airbnb n'était pas le havre de paix imaginé? Et ainsi de suite. Sur des airs qui rappellent ceux de La quatrième dimension, Alfred Hitchcock présente ou Creepshow. C'est voulu.

Les épisodes

Chaque épisode dure entre 6 et 14 minutes. Et ils sont autonomes. Ce qui ne signifie pas qu'ils sont bouclés: «Le principe est celui de la nouvelle, genre dans lequel excelle Samuel Archibald. On termine sur un punch très fort, et on laisse le spectateur dans la "schnoutte". On ne résout pas pour lui», rigole (sadiquement ?) Sébastien Diaz. Qui se verrait bien réaliser de plus longs segments «tout en gardant la forme de la nouvelle et, surtout, sans diluer le propos». Ni le coup final/fatal. Au total, cette première saison fait environ une heure et demie. L'équivalent d'un long métrage, donc. Pourquoi pas, alors, une présentation en rafale? Il y a un projet. Une place sur un grand écran, le temps d'un événement (très) spécial. À suivre.

La distribution

De Guy Nadon à Catherine Brunet en passant par Marc Béland et Martine Francke, la distribution est d'enfer. C'est d'ailleurs directement là que les envoie, épisode après épisode, l'équipe de Terreur 404. Masochistes (!), les acteurs en redemandent: «Nous avons deux pages de noms de comédiens et de comédiennes qui nous ont contactés après avoir entendu parler de nos tournages. Ils tripent parce que c'est quelque chose que l'on fait très peu au Québec, ça les change, et ça leur permet d'explorer de nouveaux territoires.» Hurler, par exemple. Pas hurler en mode «normal». Hurler parce qu'on a peur de mourir. Pas pareil. «Je voulais que Monsieur Parfait se termine sur un grand cri de Julianne Côté. Au début, elle ne savait pas comment faire. Elle ne crie pas, dans la vie. En plus, crier après quelqu'un, crier dans un manège... et crier parce que notre vie est en danger, ce n'est pas la même chose.» Il faut que, de l'autre côté de l'écran, le spectateur y croit. Et, avant cela, le réalisateur. Plaçant sa conjointe, Bianca Gervais, dans cette situation, Sébastien Diaz y a goûté. «Elle est très intense et ça n'a pas été trop difficile pour elle. Pour moi, ç'a été pas mal plus dur.»

L'enrobage

Comme la comédie, l'horreur/la terreur/l'épouvante est affaire de timing. La musique qui démarre trop tôt ou trop tard, l'éclairage qui en dit trop ou pas assez, le plan qui s'égare, et l'effet se dégonfle. Sébastien Diaz en est conscient et il a, pour éviter le piège, emprunté aux meilleurs - dont il consomme les oeuvres avidement. Et pas seulement ceux qui donnent dans le genre. David Fincher pour le côté glauque des intérieurs, pour les lumières tamisées, jaunâtres. Michael Haneke pour les longs plans où rien ne se passe... jusqu'à l'instant coup de poing où tout change. Ou pas. Et Philip Glass, pour la musique qui répète un motif. Ici, de vraies cordes, un vrai piano, pas de ces synthétiseurs qui sont tellement tendance ces dernières années en horreur. Sébastien Diaz a composé puis a fait équipe avec Jonathan Dauphinais de Beast pour réaliser une trame sonore qui fait grincer des dents et donne la chair de poule. Ça aussi, c'est voulu. Et oui, c'est diablement efficace.

Photo fournie par ICI Radio-Canada

Sébastien Diaz dirige Marilyn Castonguay dans l'épisode Le virus.