Ils ont été plusieurs, hier, à dénoncer pour que ça change. Tant les violences sexuelles dans les universités que les mariages forcés, les limites de la liberté d'expression ou les dangers du libre-échange. Ce qui a donné lieu à une émission très relevée et éclairante de Tout le monde en parle.

Pour leur courage et leur force de dénoncer la culture du viol dans les campus, Mélanie Lemay et Ariane Litalien méritent certainement mon étoile du match. Toutes deux ont été victimes d'agression sexuelle. La première par un joueur de football qui avait pourtant la réputation d'être un doux. «Réalises-tu que tu vas briser sa vie?», lui a demandé un policier quand elle a décidé de porter plainte. L'équipe de football lui a dit qu'elle n'avait pas intérêt à lui faire perdre un de ses meilleurs joueurs. «J'ai compris que la qualité de la vie d'une femme vaut moins cher dans la balance que celle d'un homme», a confié Mélanie Lemay.

Ariane Litalien a dû se battre parce que l'université américaine Harvard refusait de changer de résidence le jeune homme qui l'avait agressée. Sans ressources, elle a pensé au suicide avant qu'on finisse par l'entendre et qu'on publie sa lettre dans plusieurs publications aux États-Unis. Après être montée sur scène aux Oscars avec Lady Gaga, elle appelle aujourd'hui à la dénonciation.

Khadija al-Salami était lumineuse, elle qui a pourtant été mariée de force à 11 ans au Yémen. Dans son film Moi, Nojoom, 10 ans, divorcée, elle raconte l'histoire vraie de la plus jeune divorcée de son pays, en qui elle s'est reconnue. Sa propre mère était restée traumatisée d'avoir été mariée de force à 8 ans.

Accablée, Khadija al-Salami a fait une tentative de suicide. Sa mère l'a soutenue, mais le reste de la famille l'a reniée. Elle s'est depuis remariée, vit à Paris, mais retourne régulièrement au Yémen. Encore aujourd'hui, 15 millions de jeunes femmes sont mariées de force dans le monde, dont une sur sept avant l'âge de 15 ans.

Le tournage du film, au Yémen, n'a pas été simple. La réalisatrice ne remettait que deux ou trois pages de scénario à la fois à ses acteurs, pour ne pas que le sujet s'ébruite. Des villageois qui ont eu vent du film ont expulsé l'équipe et ont ordonné qu'on efface le résultat de trois jours de tournage.

Le député européen José Bové s'est moqué une fois de plus des méthodes des douaniers canadiens, qui ont vérifié son passé militant sur Google et Wikipédia pour l'interdire de séjour. «Ce qu'on me reproche, c'est d'avoir démonté un McDonald [et] d'avoir détruit du riz transgénique», a-t-il dit, sur un ton badin. S'il veut revenir pour une longue période, il devra adresser des excuses officielles pour son passé criminel. José Bové est interdit de séjour aux États-Unis depuis 2008 pour «turpitude morale». 

«Je me suis demandé ce que j'avais fait, je ne suis pas un prêtre pédophile!»

«M. Trudeau se fait le chantre du libre-échange et il essaie de vendre cet accord avec l'Europe comme quelque chose de merveilleux pour les Canadiens», dénonce-t-il à propos de l'accord Canada-UE. Il prévient les producteurs agricoles contre l'arrivée de groupes européens qui offriront des prix plus bas, ce qu'il qualifie de «désastre pour l'emploi local». 

Celui qui a eu gain de cause en faisant une grève de la faim en 2008 croit encore à la mobilisation populaire. «Les choix alimentaires qu'on fait, c'est ce qui permet un choix d'agriculture, d'alimentation.»

Loquace et fier, Jérémy Gabriel était content de briser son image du «petit Jérémy» en prenant un verre de vin. Il souhaite que le fait que Mike Ward ait porté la cause en appel permette aux gens d'approfondir leur réflexion sur la liberté d'expression.

Il raconte comment les mots de l'humoriste ont été durs à entendre pour l'enfant qu'il était. «À 13 ans, j'avais rien pour me défendre. Si j'avais pu lui expliquer le sentiment de détresse que tu vis, parce que moi, j'avais pas la maturité de comprendre ça. [...] Ma vie était belle, j'avais des ambitions, des buts», raconte-t-il. Le chanteur explique avoir suivi le flot de haine à son endroit durant la saga judiciaire sur les réseaux sociaux, qu'il ne pouvait s'empêcher de regarder.

On a entendu un extrait d'I Don't Care, la chanson pop qu'il vient de lancer, mais aussi d'autres, qui paraîtront sur un mini-album, après les Fêtes. Dany Turcotte, qui s'est montré très sensible à sa cause, lui a remis cette carte: «Sois toi-même, vivant et fier. Chante à faire exploser des verres. La liberté d'expression, c'est bon aussi pour Jérémy.»

De retour sur les planches dans la pièce Nos femmes chez Duceppe, Guy Jodoin a raconté que la fausse rumeur voulant qu'il soit gai était née dans la salle de maquillage de Radio-Canada. «Au début, j'ai ri de ça. Mais avec le temps, c'est fou ce que ça peut faire», a-t-il dit, racontant avoir été questionné partout où il passait. Il est aujourd'hui «grandement amoureux». D'une femme, bien sûr.

«À Radio-Canada, on a une entente avec TVA, c'est-à-dire qu'on annonce leurs émissions, et en échange, eux, ils parlent jamais des nôtres», a blagué Guy A. Lepage en parlant d'une nouveauté de Guy Jodoin, Les Fantastix - La magie des stars, à venir chez l'ennemi. Tout comme la série Karl & Max, qui a d'abord été relayée sur le web avec Club illico.

Ricardo Larrivée, qualifié de «gentleman trappeur» et d'«ambassadeur de la Nouvelle-France» dans un long reportage du magazine Elle en France, ne s'est pas formalisé de la vision folklorique qu'on donnait de lui. Il a plutôt retenu les 20 pages dithyrambiques sur la gastronomie montréalaise, une visibilité qui lui aurait coûté autour de 450 000 $. «Ça t'a [plutôt] coûté trois, quatre clichés», a blagué Guy A.

Ricardo, qui fête le 15e anniversaire de son magazine, ne comprend pas qu'on ait détruit les cuisines des défunts cours d'économie familiale dans les écoles secondaires, convaincu qu'il faudrait y ramener l'initiation à la cuisine. L'homme d'affaires a été charmé par sa rencontre avec Martha Stewart - «c'est elle qui m'a le plus influencé» - et souhaite conquérir le monde. «Je veux faire en cuisine ce que Céline a fait en musique.»