Marseille, la première série française produite par le géant Netflix, a été annoncée dans la presse française comme une «série événement». Bénéficiant de la présence de Gérard Depardieu et Benoît Magimel à son générique et d'un budget d'environ 1 million de dollars par épisode, la superproduction s'est toutefois fait descendre en flammes depuis son apparition sur la populaire plateforme. Voici cinq raisons qui font de cette série le ratage de l'année en France.

Le sexisme

Marseille raconte la lutte féroce entre Robert Taro (Depardieu), maire de Marseille depuis 20 ans, et son protégé, Lucas Barres (Magimel), qui finit par le trahir. Pour leur part, les personnages féminins n'ont que leur cul pour se faire valoir. Elles se font dire par les mâles comment s'habiller pour être plus sexy, même lorsqu'elles sont politiciennes. De l'assistante qui se fait tringler dans le bureau du patron à la maîtresse qui fait des pipes pour monter dans la hiérarchie, à la colocataire bisexuelle qui ne pense qu'à baiser, à la fille du maire qui s'encanaille avec des loubards, il n'y a que la femme du maire qui se tient tranquille, à jouer du violoncelle. On s'ennuie d'un personnage comme Claire Underwood dans House of Cards, disons.

Dialogues calamiteux

On veut être cru, on n'est que vulgaire et sans imagination. Assez pour que le spectateur se dise: non, pas possible, ils n'ont pas osé sortir une telle «joke de mononcle», que les personnages féminins subissent avec un sourire de connivence qui confine à l'aliénation mentale. «À part ma queue, qu'est-ce que tu veux?», dit Barres à sa maîtresse. «J'aime bien quand ta copine baise beaucoup, parce que plus elle baise, plus tu viens ici», lance Taro à sa fille. «Tu trouves pas ça bizarre qu'on se touche le zob en parlant de Picasso?» «J'aime tes doigts. La prochaine fois, essaie avec des gants de cuir.» Et ainsi de suite, épisode après épisode. Assez pour faire naître un hilarant Tumblr sur le Net qui collectionne les pires répliques.

L'accent de Magimel

Pour se rapprocher du peuple, Lucas Barres sort son meilleur accent marseillais en conférence de presse et dans l'équivalent des soupers spaghettis québécois, mais garde son accent parisien le reste du temps. Un tour de passe-passe plutôt incompréhensible et la plupart du temps ridicule. D'ailleurs, des spectateurs marseillais ont souligné que seuls les figurants ont l'accent de Marseille. Ça dit quelque chose, quand même.

Les déplacements de Depardieu

Depardieu fait ce qu'il peut pour sauver la série du naufrage, quand bien même on lui met en bouche des clichés et beaucoup de coke dans le nez. Mais, devenu énorme, et un peu abîmé par ses excès dans la vraie vie, il se déplace avec difficulté d'une scène à l'autre, souvent en sueur, si bien qu'on se demande vraiment comment son amoureuse (plus jeune que lui, bien sûr) fait pour l'embrasser goulûment sur la banquette arrière de la voiture de fonction. Un peu pénible à voir.

L'abus de zooms et de travellings

Oui, on veut bien et on l'espère, il faut montrer Marseille. Dans toute sa splendeur et sa vénalité. Alors on fait de grands plans panoramiques du ciel entre deux scènes mal montées (qui font plus soap que grande série) pour prouver le budget et l'ambition de la série, mais, à un moment donné, ça doit avoir du sens. D'autant plus que les zooms et les travellings sont utilisés partout, dans la chambre à coucher, dans la cuisine, au bureau, bref, partout, pour absolument rien. On se croirait sur un bateau qui tangue, à la longue. Et qui coule, finalement.