Deux émissions phare vont perdre leur présentateur vedette: Yann Barthès, aux commandes du Petit Journal sur Canal +, va rejoindre le groupe TF1, tout comme Yves Calvi qui abandonne C dans l'air sur France 5 pour LCI, des recrues de choix.

«Je ne présenterai plus Le Petit Journal la saison prochaine. Je souhaite écrire avec les équipes de (la société de production) Bangumi une nouvelle histoire et vivre de nouvelles aventures», a annoncé lundi Yann Barthès, qui présentait l'émission depuis 5 saisons.

Après le départ l'an dernier d'Antoine de Caunes du Grand Journal et le passage des Guignols en crypté, décidés par le nouveau patron, Vincent Bolloré, Yann Barthès était un des derniers représentants de l'esprit persifleur des débuts de Canal». Il présentera son dernier Petit Journal le 23 juin.

Réputé pour son impertinence et son décryptage impitoyable des coulisses de la politique, ce rendez-vous quotidien était devenu depuis deux ans la plus regardée des émissions en clair de la chaîne, avec 1,1 à 1,4 million de fans, notamment les jeunes. Mais la confiance s'est érodée entre le groupe et les équipes du Petit journal, que Vincent Bolloré souhaitait faire passer en crypté.

La chaîne veut continuer l'émission sans lui: «Le Petit Journal reprendra à la rentrée sur Canal» dans une formule rénovée», selon le groupe Canal. Une nouvelle formule sera dévoilée cet été, ainsi que de nouvelles grilles.

Le pari est risqué: depuis le départ d'Antoine de Caunes et de la société de production historique du Grand Journal, KM, l'audience du Grand Journal nouvelle formule a chuté de moitié.

Après avoir atteint 1,8 million de fans par jour en 2013-2014 puis 1,6 million en 2014-2015, Le Petit Journal avait lui aussi perdu près de 400 000 téléspectateurs cette année, pénalisé par son nouvel horaire, la suppression des Guignols en clair, qui tiraient son audience, et le déclin du Grand Journal diffusé juste avant.

Selon des sources proches du dossier, Vincent Bolloré souhaiterait continuer à réduire les programmes en clair de Canal», voire les supprimer en les transférant sur sa filiale D8, et privilégier le développement de programmes haut de gamme cryptés. La chaîne, aujourd'hui très lourdement déficitaire, perd des abonnés, au point que Vincent Bolloré a évoqué sa fermeture.

Doublé pour TF1

Yann Barthès n'a pas tardé à trouver un nouveau point de chute: il arrivera à la rentrée à TF1 et sa filiale TMC pour y présenter deux nouvelles émissions: l'une quotidienne sur l'actualité et la culture sur TMC et un rendez-vous hebdomadaire sur TF1, qui se dit ravi d'accueillir «sa créativité, sa liberté de ton et son impertinence».

Un recrutement audacieux pour TF1 qui mise beaucoup sur internet: Yann Barthès avait su faire du Petit Journal une émission culte, très relayée sur les réseaux sociaux en France et même à l'étranger.

Autre transfert fracassant, celui d'Yves Calvi, 56 ans, qui quittera l'émission C dans l'air sur France 5 après 15 ans à l'antenne et rejoindra à la rentrée la chaîne d'information LCI, filiale de TF1, pour y présenter «une émission quotidienne en fin de journée».

Le journaliste vedette est la première recrue prestigieuse de LCI depuis son passage en clair début avril. C'est en revanche une très mauvaise nouvelle pour France 5, dont C dans l'air était une des émissions phare.

Yves Calvi est aussi, depuis 2014, le présentateur de la matinale de RTL, une des deux matinales radiophoniques les plus écoutées de France, mais la radio n'a pas précisé s'il comptait ou non continuer.

Le ton calme et posé d'Yves Calvi avait fait de l'émission de débats sur l'actualité une des plus respectées. En décembre, au moment des élections régionales, l'audience de C dans l'air était montée à 2,5 millions de téléspectateurs, un record pour le programme et pour France 5, par rapport à son audience moyenne de 1,5/1,6 million de téléspectateurs.

PHOTO AFP

Yves Calvi