«Les gens de la vie de tous les jours, on ne les voit plus à la télévision», se désole Marcia Pilote.

L'animatrice, conceptrice et recherchiste (Deux filles le matin, Services compris) s'est fait refuser plusieurs projets d'émissions qui présentent le quotidien «des gens ordinaires» ou de «monsieur et madame Tout-le-Monde». «Je déteste cette expression employée dans le milieu, précise-t-elle. Je préfère parler des gens de la vie de tous les jours.»

Selon Marcia Pilote, qui a fait une sortie très remarquée à ce sujet sur Facebook cette semaine, «il y a un trop gros décalage entre les gens qui font de la télé et les gens qui regardent la télé ».

«C'est correct d'avoir des émissions de vedettes, mais ce n'est pas la vraie vie», dit l'auteure de la série de livres La vie comme je l'aime.

Marcia Pilote regrette l'époque où Radio-Canada diffusait une émission comme C'est ça la vie  (qu'elle animait). L'époque où le grand public participait aux jeux-questionnaires comme Charivari et Jeopardy. Aujourd'hui, des vedettes participent à des émissions comme Le tricheur et Silence, on joue! Elles sont aussi dans les émissions de cuisine et ont même remplacé des gens du public dans les dernières saisons de l'émission de Josélito Michaud, On prend toujours un train.

À voir la tonne de commentaires que la sortie de Marcia Pilote a suscités sur Facebook, le public a besoin de se voir à la télé, plaide-t-elle. La preuve: son documentaire La mort m'a dit, qui portait sur une mère atteinte d'un cancer incurable, a eu de très bonnes cotes d'écoute sur les ondes de RDI: 130 000 personnes, soit le double des parts de marché habituelles (le documentaire sera d'ailleurs rediffusé le 14 mai sur la chaîne principale). Marcia Pilote a par ailleurs bénéficié de la vitrine exceptionnelle qu'offre l'émission Tout le monde en parle.

Le cas de Canal Vie

Diffusée sur les ondes de Canal Vie, l'émission Les 12 travaux d'Anaïs raconte les travaux de rénovation d'un duplex acheté par Anaïs Favron et son conjoint. À chaque épisode, la comédienne reçoit une vedette sur son chantier (Brigitte Lafleur, Alex Perron et Pierre-François Legendre y ont été vus récemment). Des vedettes accessoires, a souligné récemment Dave Ouellet à l'émission C'est juste de la TV.

«Les gens qu'elle reçoit sont des amis qui partagent sa passion pour la rénovation de récupération», justifie Chantal Fortier, directrice des productions originales chez Canal Vie.

Oui, il y a plus de vedettes qu'avant à Canal Vie, confirme Chantal Fortier. Pour deux raisons. La première: des artistes comme Anaïs Favron et Anne Casabonne ont eu envie de s'intégrer à la programmation de la chaîne, car «elles tripent rénovations». La deuxième: des spécialistes de Canal Vie sont devenus des vedettes, dont Saskia Thuot, Vanessa Sicotte et Marie-Christine Lavoie.

Les vedettes ont «de la résonance», convient-elle. 

«Mais avant tout, la personnalité connue doit incarner le propos et les valeurs de Canal Vie: la proximité, l'authenticité et la vie au quotidien.»

Peu connue, Lorna Gordon animera une émission à Canal Vie à l'automne sur 20 designers à suivre. Pourquoi? Elle est hyper à l'aise devant la caméra.

Chantal Lacroix a beaucoup été au service du grand public avec Donnez au suivant et On efface et on recommence. Or, sa nouvelle émission, 8 heures pour la cause, qui sera diffusée à l'automne, «mobilisera des personnalités québécoises et le public autour de 10 causes afin de venir en aide à un grand nombre d'individus».

Pourquoi avoir des invités connus? «L'accent n'est pas mis sur la personnalité publique, mais sur la cause», insiste Chantal Lacroix. La personnalité s'investit déjà pour la cause. Le public pourra l'entendre parler d'un autre côté de sa vie et non de ce qu'elle répète comme invitée d'un plateau à l'autre, fait valoir Chantal Lacroix.

Mais la rousse animatrice ne s'en cache pas: les vedettes de chaque émission permettront d'amasser plus d'argent. Et les cotes d'écoute sont importantes.

«Je suis chanceuse, car les cotes d'écoute me suivent. Tu as beau avoir les meilleures intentions du monde, c'est important.»