V, qui se cherchait un patron depuis le départ soudain de Nathalie Brigitte Bustos en novembre dernier, s'en est trouvé un: Jacques Mathieu, qui dirigeait Z chez Bell Média, avant de faire partie des patrons remerciés, en octobre.

Voilà une offre qui ne se refusait pas pour celui qui hérite aussi des programmations de MusiquePlus et de MusiMax, dès lundi prochain. «J'aime le guts de Maxime Rémillard [le président et chef de la direction] et de Luc Doyon [le VP exécutif], ils sont dans l'action. J'arrive à un très bon moment», nous a confié le nouveau directeur général, contenu et développement de Groupe V Média.

C'est donc un trio entièrement masculin qui dirigera la destinée de V et de ses chaînes spécialisées.

Ce «très bon moment» coïncide pourtant avec une période trouble en télévision, que l'ancien Monsieur Z considère comme un stimulant. «Le marché est en mouvance. Pour protéger les parts de marché, il faut aller vers les produits avec le plus de bulles et qui vont plaire au plus grand nombre.» Et qu'entend-il par «produits avec le plus de bulles»? Jacques Mathieu, qui dit avoir plein d'idées, se donne le temps de «bien assimiler l'ADN du Groupe V» avant d'en dire plus. 

Difficile de lui faire dire quelles sont ses émissions préférées à V - «il y en a trop» - , mais il cite En mode Salvail et L'amour est dans le pré au passage.

«V n'a pas peur de prendre des risques et ça me ressemble.»

Le nouveau patron devra poursuivre l'oeuvre de Nathalie Brigitte Bustos, qui est parvenue à donner à V son véritable élan. Celle-ci s'est depuis jointe à l'équipe de Salvail & Co, la boîte d'Éric Salvail, comme productrice et directrice du développement. Elle nous a confirmé avoir quitté Groupe V Média d'elle-même, avec le sentiment du devoir accompli, un départ qui a surpris tout le monde. Parmi les émissions les plus regardées à V, citons L'amour est dans le pré, Un souper presque parfait, Les recettes pompettes et L'arbitre.

Moment névralgique

Jacques Mathieu a travaillé en information à CKAC à Montréal puis à TQS, avant de se lancer dans la production chez Zone3, où il a été rédacteur en chef de La fin du monde est à 7 heures. Par la suite, il a surtout travaillé au sein de chaînes spécialisées, notamment à Historia et Séries+. Quand Ztélé est devenue Z sous sa direction, abandonnant la science-fiction, la chaîne a atteint les meilleurs résultats d'écoute de son histoire.

Une semaine après avoir lancé la série Gang de malades, émission de caméra cachée avec des personnes handicapées, il était remercié par Bell Média, dans la vague de congédiements, en même temps que Lyne Denault, patronne de Canal Vie. Un mal pour un bien, puisqu'il hérite aujourd'hui de la direction d'une chaîne généraliste.

Jacques Mathieu arrive aussi à un moment névralgique pour les chaînes spécialisées, alors que la nouvelle réglementation des forfaits de base à 25 $ est en vigueur depuis mardi.

On pense même que certaines chaînes ne survivront pas à ce test ultime. «Mais pas celles que je vais diriger», promet Jacques Mathieu, d'un ton assuré. On lui souhaite bonne chance.

Optimiste, il voit ces nouvelles règles comme «une opportunité» de se faire valoir. «Le consommateur, plus que jamais, a le pouvoir de choisir ce qu'il veut regarder et ce qu'il ne veut plus regarder. Je suis parfaitement d'accord avec ça, comme dans tout marché de la concurrence. Ça nous force à avoir les grilles les plus attrayantes, les plus bougeantes, les plus dynamiques. Le téléspectateur va nous suivre, j'en suis convaincu», dit-il.

Alors que MusiquePlus offre une nouvelle image depuis septembre, MusiMax n'a toujours pas dévoilé la sienne, qu'on avait annoncée pour janvier.