Harlan Coben, Douglas Kennedy, Philip K. Dick... L'adaptation de romans en séries télé est en vogue dans un marché télévisuel très concurrentiel qui pousse les producteurs à chercher des «marques», synonymes de succès, selon experts et créateurs.

«Les bons livres vous facilitent considérablement la tâche. Ils imaginent un monde, des personnages, présentent des idées, c'est un véritable carburant pour les séries», a déclaré mercredi à l'AFP Frank Spotnitz, showrunner (scénariste et producteur, ndlr) américain de la série Le maître du Haut Château, lors d'un entretien téléphonique.

«Si vous avez un bon livre avec lequel commencer votre série, vous êtes déjà tellement en avance sur la concurrence», a ajouté cet ex-scénariste des X-Files qui a adapté le roman éponyme de Philip K. Dick en une série phénomène qu'il coproduit avec Ridley Scott pour Amazon.

Un avis partagé par Laure Kniazeff, cofondatrice de la société Best seller to box office (BS2BO) qui fait de la veille littéraire internationale pour les productions.

«Il y a de plus en plus de diffuseurs et une concurrence acharnée, chacun cherche le bon projet qui va se vendre, le bon livre mais surtout des marques», a-t-elle expliqué à l'AFP, en marge du festival Totally Serialized qui a réuni à Londres les professionnels européens de la création télé.

Des séries qui «résonnent» dans l'esprit des spectateurs

«En France, nous avons aussi eu une vague de demandes de producteurs qui voulaient savoir quels étaient les auteurs d'aujourd'hui capables d'écrire des scénarios, parce que c'est moins cher d'aller chercher un auteur de best-seller pour lui faire écrire une série que de prendre un réalisateur à succès», note-t-elle également.

Pour Le maître du Haut Château, l'originalité de l'adaptation réside dans le fait que «l'histoire du livre est couverte sur les deux premiers épisodes», a précisé Frank Spotnitz, expliquant que pour transposer ce livre réputé «inadaptable», il avait cherché à en «saisir l'essence puis à la développer».

Il a également confié que sa société de production britannique Big Light venait de mettre une option sur un autre livre en vue de l'adapter en série.

Tous ont en tête les succès retentissants au cinéma de ce qui était à l'origine des livres: Harry Potter, Hunger Games, Twilight, Bridget Jones, Fifty Shades of Grey... Du côté des séries, Game of Thrones ou Dexter, adaptés de romans, font également des envieux.

«Ils cherchent des choses qui résonnent déjà dans l'esprit des gens, un réalisateur, un auteur ou un livre très connu», ajoute Laure Kniazeff.

La chaîne française TF1 s'est ainsi associée à l'écrivain américain Harlan Coben pour qu'il transpose lui-même en série télévisée son roman Une chance de trop avec les acteurs français Alexandra Lamy et Pascal Elbé.

Harlan Coben a été le showrunner de cette minisérie de six épisodes de 52 minutes qui est la première adaptation d'un roman de l'Américain à la télévision.

«Il a adapté l'histoire américaine de son livre à Paris et transformé le personnage principal en femme alors que c'était un homme dans le roman», a déclaré Frédérique Rouault, de TF1 International, lors d'une table ronde du festival, ajoutant travailler «à une nouvelle adaptation d'un autre de ses livres».

Pour l'auteur américain Douglas Kennedy, ce sont deux de ses romans, La poursuite du bonheur et Une relation dangereuse qui sont en cours d'adaptation pour AB Production en coproduction franco-américaine, a indiqué Charles Touboul, responsable prospection des programmes au sein d'AB International Distribution, leader français dans la distribution télévisuelle indépendante.

«Nous travaillons sur une coproduction internationale avec un producteur français, VAB, pour adapter La poursuite du bonheur. Il s'agit d'une minisérie de huit heures qui se passe dans l'après-Deuxième Guerre mondiale à New York», a-t-il détaillé.

«Nous avions l'histoire et nous avons décidé avec le producteur de l'adapter en anglais et de la tourner aux États-Unis», a-t-il ajouté.