Les politiciens multiplieront les bilans de fin d'année au cours des prochains jours. Afin de «montrer leur côté givré», certains participeront à des émissions de fin de soirée, devenues pratiquement un passage obligé.

Le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, ne fait pas exception à la règle. Il était de passage hier sur le plateau d'En mode Salvail, à V, où il a parlé de sa carrière, de ses deux petits-enfants (âgés de 2 mois et 7 mois) ainsi que de ses voyages, entre autres.

Ce type d'apparition ne déclenche pas automatiquement plus d'appuis au sein de la population, mais c'est un bon ingrédient pour réorienter l'image d'un politicien, explique Bernard Motulsky, titulaire de la Chaire de relations publiques et communication marketing de l'UQAM.

Depuis Trudeau père

Selon l'expert en relations publiques, les politiciens ont multiplié les apparitions dans les émissions «grand public» depuis un peu plus de 10 ans. Mais la pipolisation de la classe politique ne date pas d'hier.

À ses dires, c'est Pierre Elliott Trudeau qui a changé la façon de se présenter des politiciens. «Il ne donnait pas le même genre d'entrevues, mais ses pirouettes, sa façon de se comporter, certaines de ses phrases et déclarations modifiaient l'image [traditionnelle] du premier ministre. C'est ce qui l'a aidé à prendre le pouvoir et à le garder», affirme le professeur de l'UQAM.

Or, comme l'a noté avec humour Éric Salvail dans son entrevue avec le premier ministre Couillard, le passage de politiciens dans les émissions de fin de soirée ne redore pas systématiquement leur blason: lors de la dernière campagne électorale fédérale, l'ancien premier ministre Stephen Harper avait accepté l'invitation d'En monde Salvail... ce qui ne l'a pas empêché de perdre ses élections!

«Même le pape fait ça! Au lendemain de son élection, il est allé payer son auberge. La photo a énormément circulé», ajoute l'expert en relations publiques.

En plus d'être allé à V, Philippe Couillard donnera plusieurs entrevues au cours des prochains jours à des émissions pilotées par des journalistes, a affirmé le cabinet du premier ministre hier.

Les politiciens à la télé

> En décembre 2010, l'ancien premier ministre Jean Charest avait profité de son passage à Tout le monde en parle pour justifier son refus de mettre sur pied une commission d'enquête sur l'industrie de la «corruption»... euh... de la construction. L'erreur avait fait rigoler l'auditoire.

> Le président américain Barack Obama est un abonné des talk-shows de fin de soirée. Il a par exemple expliqué chez Jimmy Fallon (en format musical) pourquoi il demandait au Congrès de freiner l'augmentation des taux d'intérêt sur les prêts étudiants.

> Lors de la dernière campagne électorale fédérale, le premier ministre sortant Stephen Harper avait accepté l'invitation d'Éric Salvail de participer à son émission. Le conservateur était allé jusqu'à chanter une célèbre chanson western, Quand le soleil dit bonjour aux montagnes...