Nerveux et émotif, Joël Legendre s'est expliqué pour la première et dernière fois sur le scandale qui l'a conduit à mettre sa carrière en veilleuse. Dans une entrevue accordée à l'émission de Pénélope McQuade et Jean-Luc Mongrain et diffusée hier, l'animateur dit avoir pensé au suicide, mais a réussi à retrouver la lumière grâce à une thérapie.

«Je suis super nerveux, émotif, mais je suis content d'être ici», a déclaré d'emblée Joël Legendre, la voix brisée et la lèvre tremblante, tentant de retenir ses sanglots.

Tout au long de l'entrevue, l'artiste qui a fait la manchette il y a trois mois pour un acte d'indécence commis au parc Marie-Victorin, à Longueuil, en septembre dernier, a lutté pour ne pas flancher.

Lorsque cela se produisait, il se ressaisissait aussitôt. Car Joël Legendre a insisté sur le fait qu'il n'était pas sur le plateau pour s'attirer la pitié des Québécois. «Je viens ici courageusement pour montrer mes moments d'ombre.»

Ce sera toutefois la seule entrevue qu'il accordera sur le sujet. «C'est une page du chapitre qui se termine ce soir [...], je n'en parlerai pas toute ma vie, sinon je ne serai pas capable de me reconstruire.»

Le ton était sobre, mais les questions des animateurs Pénélope McQuade et Jean-Luc Mongrain étaient sans détour. «À quoi t'as pensé?», lui a demandé M. Mongrain au sujet de son geste.

Joël Legendre, qui a précisé avoir suivi une thérapie, a expliqué avoir souffert dans son enfance d'intimidation dans la cour d'école. «J'ai appris que la façon dont on doit me traiter est de me rejeter et me faire honte et si on ne me le fait pas, je me le fais.»

«Est-ce un suicide professionnel», a suggéré l'animatrice. «On peut le dire», a-t-il répondu. À 47 ans, il projetait une image d'un artiste accompli, un père de trois enfants et un homme amoureux. Il accordait de nombreuses entrevues sur sa famille, notamment l'adoption de son fils, la naissance de ses jumelles.

«Je ne bois pas, je ne fume pas, je suis végétarien, j'étais parfait. Mais ça ne se peut pas», a-t-il déclaré avant d'ajouter: «Après chaque moment de lumière, l'ombre réclame son dû.»

Descente aux enfers

Tout s'est écroulé en mars lorsque le scandale de son acte d'indécence a été révélé dans les médias.

Legendre avait d'abord menti en affirmant qu'il avait uriné contre un arbre avant de reconnaître plus tard qu'il s'était masturbé. Il a expliqué hier qu'il a réagi ainsi par réflexe, car la journaliste du Journal de Montréal l'a interrogé alors qu'il se trouvait en voiture avec ses trois enfants, dont son fils de 13 ans. «J'ai menti pour protéger ma famille et mon intégrité de père», a-t-il dit.

«Quand ça arrive, c'est un choc, l'angoisse présente jour et nuit. [...] C'est l'horreur, a-t-il lâché en retenant ses larmes. C'est hésiter entre: "Est-ce que la vie vaut la peine d'être vécue? Est-ce que je mets fin à cette vie-là?" » C'est la pensée de ne pouvoir faire vivre un nouvel abandon à son fils adoptif qui l'a ramené à la vie.

M. Legendre dit avoir pris ces trois derniers mois pour se reconstruire. Il est aujourd'hui prêt à reprendre sa carrière. En plus de réaliser la mise en scène de la fête de la Saint-Jean, il compte participer au prochain Bye Bye... et promet de rire de lui-même. «Je ris des autres, alors je dois rire de moi.»