La télé nous a donné des séries sur le monde des avocats, des prisons, des criminels. Mais les maisons de transition, où d'ex-détenus passent quelques mois avant de recouvrer la liberté, constituent un sujet méconnu qui sera au coeur de la série Marche à l'ombre, diffusée à Super Écran dès octobre prochain.

Réunissant Laurence Leboeuf, Ève Duranceau, Catherine Brunet et Éric Robidoux dans les rôles de quatre criminologues, la série nous entraînera dans leur vie autant professionnelle que personnelle, avec ses hauts et ses bas.

«Rachel est une personne qui aime beaucoup son travail. Elle est bonne dans ce qu'elle fait et est aimée de tous. Dans sa vie personnelle, c'est autre chose, car elle a quelques déviances», dit par exemple Laurence Leboeuf, interprète de Rachel Marchand, agente de libération conditionnelle à la maison de transition Le Phoenix.

Cette maison de transition, recréée dans un ancien presbytère de Lachine, ressemble à plusieurs autres établissements de Montréal, ont fait valoir le scénariste Ian Lauzon et le réalisateur Francis Leclerc au cours d'une visite du plateau avec les médias.

«Nos scènes de tournage intérieures achèvent et on s'en va tranquillement vers les tournages extérieurs», exposait Francis Leclerc, jeudi midi.

Si la vie des quatre criminologues se trouve au coeur de la série, ces derniers sont entourés de plusieurs autres personnages, à commencer par d'ex-détenus à la personnalité colorée. Faites connaissance avec Martin (Jean-Carl Boucher), hacker de gauche; Lucien (Gildor Roy), ancien motard au passé violent; Honoré (Didier Lucien), qui a été condamné pour violence conjugale, etc.

La distribution comprend ainsi Geneviève Brouillette, Denis Houle, Michelle Labonté, Sylvain Marcel, Antoine Pilon, Guy Thauvette et plusieurs autres.

Côté intrusif

À la lecture du scénario, la comédienne Ève Duranceau (interprète de Tania Lessard, meilleure amie de Rachel) a été intéressée par les balises du travail d'agent de libération et surtout par le fait que ces agents sont imposés aux détenus, ce qui apporte beaucoup de teneur dramatique à l'histoire.

«Un criminologue n'est pas un travailleur social ni un avocat. Il y a à la fois un côté légal à notre job et un côté très proche de l'humain.»

«Il faut comprendre globalement ce que vit l'ex-détenu. Mais il faut toujours lui rappeler le côté légal des choses, car chaque détenu a un code à respecter. De plus, il y a un côté intrusif dans l'intervention des criminologues. Ces gens sont imposés aux ex-détenus; ils doivent donc rapidement faire passer leurs messages.»

Auteur principal du projet, Ian Lauzon connaissait bien le milieu, car ses parents sont psychoéducateurs. Lorsqu'on suggère qu'une série sur la criminologie est originale, non seulement il exprime son accord, mais il dit aussi estimer que c'est devenu nécessaire.

«Avec les séries de grande qualité comme Unité 9 ou 19-2 qui se passent dans le milieu criminel ou policier, nous n'avons pas le choix d'être originaux, dit-il. Ce qui nous anime ici est d'explorer deux approches différentes de réhabilitation sociale: une plus compassionnelle, un peu plus à gauche, et l'autre plus carcérale, orientée vers la protection du public. Il y a des personnages dans la série qui incarnent chacune de ces deux visions.»

Pour Super Écran, le projet est une première incursion, commandée et non achetée, dans le domaine dramatique. Rappelons qu'en mai, la chaîne présentera deux nouvelles séries originales québécoises, des comédies: Patrice Lemieux 24/7 et Madame Lebrun.

La première saison de Marche à l'ombre comprendra 10 épisodes d'une heure chacun.