Sortez le champagne, le vrai, pas le prosecco. Les conflits internes à l'Académie qui organise les Gémeaux ont enfin été réglés et le prochain gala en septembre réunira tous les artisans de l'industrie de la télévision, sans exception, me rapportent des sources bien connectées.

Le boycottage, qui avait débuté en 2002, a officiellement pris fin mardi et cette grande réconciliation des Gémeaux coïncidera avec la 30e fête de la télé québécoise. Concrètement, cela signifie que Fabienne Larouche, Julie Snyder et TVA inscriront leurs émissions comme Unité 9, La voix, Le banquier, 30 vies ou Salut, bonjour dans la course à la statuette dorée.

Bref, il ne sera dorénavant plus possible de râler qu'un tel a gagné parce que les meilleurs dans sa catégorie ne concouraient pas. Le gala des Gémeaux couronnera la crème de la crème, point à la ligne. Fini les guéguerres.

Richard Speer, président de l'Académie du cinéma et de la télévision, a réussi l'impossible en ramenant l'harmonie dans cette institution reconnue pour être un «nid à chicane».

Le retour au bercail des dissidents figurait au sommet de sa liste de priorités lors de son élection à l'Académie, en décembre 2012. Richard Speer, président du groupe Attraction (Au secours de Béatrice, Les jeunes loups), a donc accompli sa mission.

Joint hier, Richard Speer n'a toutefois pas commenté nos informations. Une annonce médiatique se fera sous peu pour propager cette excellente nouvelle, me souffle-t-on.

Qu'est-ce qui a convaincu les producteurs et diffuseurs récalcitrants à fumer le calumet de la paix? Le mécanisme d'attribution des trophées a été revu complètement. Divers comités de réflexion, auxquels ont participé TVA, Productions J (Julie Snyder) et Aetios (Fabienne Larouche et Michel Trudeau) ont planché là-dessus tout l'automne et leurs recommandations ont été unanimement acceptées.

Changements

Résumons rapidement. Au prochain gala des Gémeaux, la catégorie «téléromans» disparaîtra des bulletins de vote. Les feuilletons et émissions dramatiques s'affronteront dorénavant selon leur nombre d'épisodes, ce qui est beaucoup plus logique. Il y aura une section pour les téléséries de moins de 13 épisodes (19-2, Lance et compte), une autre pour celles qui comptent entre 14 et 30 épisodes par année (Unité 9, O' ou Mémoires vives) et une dernière pour les quotidiennes à gros volume (En thérapie, 30 vies).

Pour évaluer les finalistes dans les catégories «émissions», «réalisation» et «textes», l'Académie formera quatre grands jurys composés de huit membres chacun. Un président honoraire veillera à ce que personne ne se place en conflit d'intérêts. Les noms de ces 32 jurés seront dévoilés publiquement, question de transparence.

Finalement, dans les sections opposant des émissions, ce qui exclut les catégories d'interprétation ou d'animation, l'opinion des grands jurys comptera pour 70% de la note finale. Le vote des membres de l'Académie vaudra 20% et le dernier 10% proviendra des cotes d'écoute. Ce 10% basé sur les données de Numeris ne peut pas vraiment, en théorie, renverser le pointage du jury et des membres.

C'est à l'hiver 2002 que les Gémeaux ont traversé leur première vraie crise avec le retrait de TVA, TQS, Julie Snyder et Fabienne Larouche. Après de longues négociations, l'ancien président de l'Académie, Guy Fournier, avait calmé la tempête pour les galas de septembre 2003 et 2004. L'attribution incongrue de certains prix avait cependant relancé les querelles.

En gros déficit de crédibilité, le 20e gala des Gémeaux, celui de 2005, avait même été largué sur les ondes de Canal D. Heureusement, tout ça est de l'histoire ancienne. En espérant qu'elle ne se répète pas.