Après le succès de Downton Abbey, Radio-Canada lance une nouvelle série britannique et historique, samedi à 20h. Intitulée Monsieur Selfridge, elle met en vedette l'acteur américain Jeremy Piven dans le rôle de Harry Selfridge, homme d'affaires qui a fondé, en 1909, le grand magasin londonien Selfridges. Une histoire d'audace et de succès.

On attribue entre autres à Harry Gordon Selfridge la fameuse maxime «Le client a toujours raison». Pionnier et visionnaire, ce fils d'une riche famille du Midwest a aussi exporté en Angleterre ce que nous appelons aujourd'hui «l'expérience shopping».

Plus qu'un grand magasin, Selfridges a été dès sa naissance un espace destiné à éveiller tous les sens du consommateur, et aussi à combler tous ses désirs matériels! Pour ce faire, l'Américain a offert à une clientèle anglaise, d'abord sceptique, un lieu magique de 42 000 pieds carrés. Le magasin a toujours pignon sur la rue Oxford, au centre de Londres, et a doublé son espace depuis.

Joint au téléphone à Los Angeles, le comédien Jeremy Piven (Entourage) est heureux et comblé par le succès de Mr Selfridge (La Presse lui a d'ailleurs appris qu'elle allait être diffusée au Québec). Le comédien venait de boucler, l'automne dernier, le tournage de la troisième saison. Au final, cette série créée par Andrew Davies et télédiffusée sur ITV et PBS devrait compter quatre saisons.

Chez nous, après la première saison, Radio-Canada enchaînera tout de suite avec la deuxième. On pourra donc suivre jusqu'au mois de mai les péripéties de monsieur Selfridge de 1908 à la fin de la Première Guerre mondiale.

«Plus qu'une télésérie sur le commerce ou le shopping, le grand magasin est ici un microcosme de la société anglaise, avec ses murs étanches entre les classes sociales, le conservatisme et le choc des cultures et des mentalités, signale l'acteur. Mon personnage est originaire de Chicago et donc peu familier avec les moeurs britanniques. De plus, c'est un millionnaire flamboyant et très excentrique, à mille lieues du flegme anglais.»

Ode au commerce

En 1908, Selfridge s'installe à Londres avec sa femme (Frances O'Connor) et ses enfants pour brasser des affaires. Non sans bouleverser la tradition britannique en affaires. Il va introduire des notions telles que le marketing, la publicité, la promotion, les relations avec les médias...

Au début du premier épisode, on le voit organiser une conférence de presse pour la première pelletée de terre de son magasin... «Son assurance est perçue comme de l'arrogance par l'élite londonienne, explique Jeremy Piven. Or, il croit vraiment qu'il faut révolutionner le shopping pour en faire un art, une expérience de vie. L'argent n'est qu'un moyen pour réaliser son rêve. Mais il fera face à quelques embûches au passage.»

Parmi ses idées nouvelles, le propriétaire va ouvrir un restaurant à l'intérieur de son magasin, embaucher un directeur artistique français pour signer les plus belles vitrines de toute l'Europe (Grégory Fitoussi), engager une actrice vedette du West End comme image de marque de l'entreprise (Zoe Tapper). Bien sûr, l'inauguration de Selfridges sera un grand événement.

Jeremy Piven a lu le livre que Selfridge a écrit au sommet de sa gloire, en 1918. The Romance of Commerce est, comme son titre l'indique, une ode au commerce, mais aussi le récit d'un visionnaire. «C'est un personnage fascinant parce qu'il a une âme, dit Piven. Pour lui, par-delà le profit, le commerce est un art de vivre, un moyen de rendre les gens heureux.»

Après la Dépression, les finances de Selfridge, devenu citoyen britannique en 1939, vont souffrir de ses mauvais investissements. Il sera écarté de la direction de son magasin pour de bon en 1945. (Pour la petite histoire, la chaîne Selfridges appartient aujourd'hui au Canadien Galen Weston, qui l'a achetée en 2003 pour environ un milliard de dollars!) Or, 30 ans à la tête du grand magasin de la rue Oxford, c'est plus que suffisant pour nourrir amplement de nombreux épisodes!

À Radio-Canada les samedis, 20h, dès le 10 janvier.