Un collectif d'employés de Radio-Canada appelé ICI précaires dénonce les conditions de précarité dans lesquelles les employés sont maintenus et accuse le diffuseur public de sacrifier sa relève sur l'autel des compressions budgétaires, dans une lettre publiée aujourd'hui.

«Avec les compressions budgétaires, les plus anciens dont les postes ont été coupés ont pu supplanter de moins anciens qui eux-mêmes ont pris la place d'encore moins anciens. [...] Le système est ainsi. Pour éviter l'arbitraire, l'ancienneté s'impose comme la valeur cardinale. Peu importe le mérite de chacun», peut-on lire.

Créé dans la foulée de la vague des compressions budgétaires et de l'abolition de plus de 600 postes en avril dernier, le groupe compte quelque 120 membres, dont des journalistes bien connus du grand public, mais aussi plusieurs artisans des coulisses de la salle de rédaction: des pupitreurs, assistants à la réalisation, rédacteurs, réalisateurs.

«J'ai travaillé sur appel, n'importe quand. À quatre heures du matin. Le lendemain jusqu'à minuit. La nuit aussi. Sans compter mes heures. Je paye mes cotisations syndicales, mais n'ai pas de sécurité d'emploi. Pas d'assurance maladie. Pas de fonds de pension. Corvéable à merci, on me qualifie de "jeune", de "relève", même si j'ai parfois plus de 40 ans», peut-on lire dans la lettre.

«Cette lettre est aussi un cri du coeur», explique le journaliste Alexandre Touchette, qui agit à titre de porte-parole. Le journaliste de 39 ans est employé non permanent à Radio-Canada depuis 13 ans.

«Les abolitions de postes sur la base de l'ancienneté. On est dans un mode de compressions perpétuel depuis 10 ans et dans les faits, ce sont toujours les jeunes qui se font ramasser. Il y a une iniquité. On comprend les raisons historiques du critère d'ancienneté, mais il faut maintenant penser à des solutions, explique-t-il. Le syndicat nous dit qu'il applique la convention, mais à ce jour, rien n'a été proposé ni du côté patronal ni du côté syndical», poursuit-il.

«Le Syndicat des communications de Radio-Canada a eu des discussions avec la direction pour réduire l'impact des compressions, les pires de l'histoire de Radio-Canada», réplique Isabelle Montpetit, à la direction Montréal du Syndicat des communications de Radio-Canada (SCRC). Selon cette dernière, Radio-Canada ne ferait pas preuve d'ouverture face aux propositions, sauf à l'idée du partage de temps de travail. Le syndicat communiquera les modalités de cette mesure aux employés dans les prochaines semaines.

Radio-Canada n'a pas rappelé La Presse, hier.