Séries diffusées en avant-première sur les sites des chaînes, émissions de téléréalité avec abonnement: les modes de consommation du petit écran se diversifient, selon une étude globale de l'institut français Médiamétrie.

Présenté mercredi, le rapport, dont la première édition sur l'année 1993 portait sur 13 «territoires» en Europe, 321 millions de téléspectateurs potentiels et 59 chaînes, étudie vingt ans plus tard plus de 100 «territoires» dans le monde, plus de 3 milliards de téléspectateurs et plus de 5500 chaînes.

Côté équipements, usages et mesures, 2013 enregistre la deuxième meilleure durée d'écoute, après le record absolu de 2012. L'an dernier, le monde a regardé la télévision 3 heures et 14 minutes, contre 3 heures et 17 minutes en 2012.

Sur un panel plus réduit de 48 pays, situés un peu partout dans le monde, la durée moyenne d'écoute quotidienne par individu a augmenté de 15 minutes en dix ans, passant de 3h38 en 2003 à 3h53 en 2013.

Dans le détail, la France est passée en vingt ans de 2h57 en 1993 à 3h46 en 2013, le Royaume-Uni de 3h40 à 3h52 et l'Espagne de 3h24 à 4h04. Autre pays grand consommateur de petit écran : les États-Unis, qui étaient déjà à 4h03 en 1993 et s'approchent désormais des 5 heures par jour (4h53).

Autre évolution marquante de ces vingt dernières années, la part d'audience croissante des chaînes non historiques (TNT, câble, satellite, etc.). En France, elles représentaient 2,7% de l'audience en 1993 contre 35% en 2013. Quasi inexistantes en Espagne (0,6%), ces chaînes non historiques occupent à présent plus de la moitié (51,8%) de l'audience. Aux États-Unis, où ces acteurs étaient déjà à 31% de l'audience en 1993, ils figurent désormais à 58%.

«On constate une fragmentation de l'audience pour les acteurs historiques. Ca veut aussi dire que l'offre est devenue très riche», a déclaré à l'AFP Amandine Cassi, directrice des études chez Médiamétrie.

Le rapport illustre l'évolution des usages avec le cas du Royaume-Uni, pays souvent en pointe en Europe, où un épisode de la série Doctor Who a réuni 6,2 millions de téléspectateurs le 25 décembre, jour de sa diffusion à la télé, avant de doubler son audience (11,6 millions) en y ajoutant la télévision de rattrapage (TVR) sur 28 jours.

2013 signe également le retour sur le devant de la scène de la fiction, qui avait été éclipsée par le divertissement en 2012. La fiction a représenté en 2013 42% des programmes les plus performants, contre 37% pour le divertissement et 21% pour le factuel (information, documentaire...).

Si pour Médiamétrie, les séries sont «au coeur du renouvellement du marché des formats», le divertissement mise plus que jamais sur la «légèreté, la proximité et l'interactivité».

En télévision de rattrapage, le modèle gratuit reste dominant, mais les formules combinant une partie gratuite et des options payantes gagnent du terrain aux Pays-Bas (RTL, SBS), en Suède (Viaplay), en Espagne (AtresMedia) ou au Royaume-Uni.

Ces formules payantes, y compris pour des chaînes gratuites, proposent plus de directs, zéro publicité et des fenêtres de rattrapage élargies (28 jours au lieu de 7, par exemple).

L'iPLayer, l'application de la BBC, diffuse ainsi en avant-première certaines séries «sans cannibaliser l'audience TV», souligne Amandine Cassi.

Toujours plus d'interactivité : aux États-Unis, X-Factor permettait de voter via la célèbre application de reconnaissance musicale Shazam tandis que la 13e édition d'American Idol fait passer les votes par le moteur de recherche Google.

Utopia, la nouvelle série de téléréalité du créateur néerlandais de Big Brother, John de Mol, lancée en janvier, offrait une formule abonnement à 2,50 euros par mois pour accéder à une diffusion 24H/24, zéro publicité, des caméras 360 degrés et des bonus.