Grande nouvelle en provenance des tranchées. C'est François Arnaud qui fera la narration pour la version anglaise de la prochaine série Apocalypse portant sur la Première Guerre mondiale. L'acteur québécois vient tout juste d'enregistrer ses voix pour les cinq épisodes qui seront diffusés aux États-Unis par Nat Geo (National Geographic) d'ici la fin de l'année.

«Je n'ai pas spécialement la fibre historique», souligne l'acteur, qui s'est fait connaître mondialement avec la télésérie The Borgias. «L'exercice m'a permis d'en apprendre beaucoup sur ce conflit qu'on connaît un peu et dont on entend moins parler que la Seconde Guerre mondiale.»

Certains diront que le comédien de 28 ans n'a pas le poids et la gravité d'un Mathieu Kassovitz, qui est toujours la voix officielle d'Apocalypse en français. Mais c'est justement ce que cherchaient les réalisateurs de la série, les Français Isabelle Clarke et Daniel Costelle.

«François est assez jeune, mais il a de l'autorité dans la voix et il défend très bien la série, a souligné Mme Clarke lors de son dernier passage à Montréal. En fait, il était important pour nous d'avoir une voix jeune. Parce qu'il y a beaucoup de jeunes gens qui se sont battus dans cette guerre.»

Arnaud admet que cette première expérience de narration était un défi. Et que les comparaisons avec Kassovitz seront inévitables. Mais il croit avoir été avantagé par la langue et le côté peu conventionnel de la série.

«Dans ce genre de documentaire, ce sont souvent de vieux bonshommes qui se rappellent leurs souvenirs de guerre, souligne le comédien. Dans ce cas-ci, la narration est écrite au présent. On essaie d'utiliser un ton moins traditionnel. Plus impliqué. On est plus proches du sujet. Le fait que ce soit en anglais, une langue plus musicale, m'a permis d'avoir un ton moins neutre...»

Une coproduction franco-québécoise

Le choix d'une voix québécoise n'est pas un hasard. Alors qu'Apocalypse: Hitler et Apocalypse: La 2e Guerre mondiale étaient des produits 100% français, cette nouvelle fournée est le fruit d'une coproduction avec la boîte québécoise Idéacom International (Les poilus d'Alaska, À la recherche du point G), qui a injecté 30% du budget total d'environ 6 millions d'euros.

Outre François Arnaud, Idéacom a fourni à la série une vaste gamme d'expertises québécoises, allant de la trame musicale (Christian Clermont) aux montages sonores (Christian Rivest) en passant par le mixage sonore (Louis Gignac) et une application iPad et web (Apocalypse 10 destins) qui doit être lancée en même temps que la série, c'est à dire on ne sait pas quand, car les dates de diffusion sont toujours inconnues. On sait seulement que la version française passera au Québec sur TV5 et la version anglaise sur TVO et Knowledge Network.

Dernier point et non le moindre: la boîte montréalaise s'est aussi chargée de la recherche d'archives audiovisuelles en provenance du Canada, des États-Unis et d'Australie. Un très grand morceau, connaissant l'importance de l'image dans Apocalypse.

Pour Isabelle Clarke, il est clair que cette collaboration ajoutera une nouvelle dimension à la série. «Dans la mémoire collective, dit-elle, la Première Guerre mondiale se passe au nord de la France, alors qu'elle s'est en fait rendue jusqu'aux Balkans et au Japon. Cette association avec le Canada nous amène un côté plus universel et moins franco-français.»

Objectif Staline

Synthèse de quelques 600 heures de matériel visuel, la nouvelle série Apocalypse aura la même facture que ses deux soeurs: on y trouvera donc des images d'archives recolorées et resonorisées. Cette approche contemporaine est grandement responsable du succès de cette série archiconnue, qui a été vendue dans plus de 165 pays.

Isabelle Clarke indique que le défi était plus grand pour ce nouveau projet, vu l'ancienneté, la rareté et la fragilité des sources originales («Plus difficile à travailler», résume-t-elle). Mais elle promet qu'il y aura assez de matériel pour faire réfléchir sur cette guerre particulièrement épouvantable, qui a fait 9 millions de morts et 20 millions de blessés entre 1914 et 1918, et qui célèbre son centenaire cette année.

À noter que Clarke et Costelle planchent déjà sur la prochaine Apocalypse qui sera consacrée à Joseph Staline.

François Arnaud au grand écran dans Girl King

Les séries historiques se succèdent pour François Arnaud. Après les Borgia et Apocalypse, l'acteur québécois jouera en février dans Girl King, un film sur la reine Christine de Suède (1626-1689) inspiré de la pièce Christine, la reine-garçon, de Michel Marc Bouchard. «Je joue le rôle de Karl Gustav, son cousin, qui est amoureux d'elle», souligne Arnaud, qui devait s'envoler aujourd'hui pour l'Europe. Réalisé par le Finlandais Mika Kaurismäki, et tourné dans trois pays (Finlande, Allemagne, Suède) cette coproduction internationale mettra en vedette l'actrice suédoise Malin Buska dans le rôle de Christine et l'Allemande Martina Gedek dans le rôle de sa mère. La sortie du film est prévue en 2015. François Arnaud apparaîtra dans trois longs métrages en 2014, soit Big Sky de l'Américain Jorge Michel Grau, Thursday, du Hongrois Balazs Juszt, et Amapola de l'Argentin Eugenio Zanetti, dans lequel il partage la vedette avec Camilla Belle et Geraldine Chaplin.