La plupart des internautes qui écoutent régulièrement des émissions de télévision en ligne définissent le «gavage télévisuel» par le fait de regarder entre deux et six épisodes de suite d'une même émission, selon les résultats d'un sondage rendu public par Netflix, vendredi.

Environ 61 pour cent des utilisateurs interrogés ont indiqué écouter régulièrement des émissions en rafale, et près de trois utilisateurs sur quatre ont affirmé qu'ils ne se sentent pas du tout coupable de le faire.

Bien que les résultats soient tirés d'un sondage en ligne réalisé aux États-Unis, Netflix a également demandé à l'anthropologue culturel canadien Grant McCracken de visiter une demi-douzaine de foyers à Toronto et d'autres au sud de la frontière pour discuter de la façon dont les gens regardent la télévision.

M. McCracken a observé que ceux qui ont changé leurs habitudes télévisuelles - délaissant le visionnement à horaire fixe et la zapette au profit de Netflix, de leur enregistreur personnel ou des DVD ou Blu-Rays - semblaient beaucoup plus passionnés par ce qu'ils regardaient.

Il affirme qu'à la base, il croyait que le «gavage» avait quelque chose de malsain, mais qu'il s'est aperçu que les gens lui parlaient de leur passion pour ce qu'ils regardent et de l'intelligence de leur expérience de visionnement.

L'anthropologue a également noté que les Canadiens semblaient encore plus portés à analyser en profondeur leurs émissions favorites que leurs voisins américains.

«Tout le monde, ces jours-ci, regarde la télévision de deux points de vue simultanément. D'un côté, ils sont impliqués, émotivement, et passionnément intéressés, a expliqué M. McCracken. Et de l'autre côté, ils analysent les décisions créatives qu'ils regardent et se disent: «C'est un choix d'acteur intéressant» ou «Oh, je n'aurais pas utilisé cet angle de caméra.» Il y a une sorte de dialogue critique et je crois que les Canadiens le font encore davantage que les Américains.»

«Parfois, le gavage télévisuel est une expérience très personnelle, individuelle, tandis qu'à d'autres occasions, c'est une expérience très sociale et les gens utilisent ces émissions pour créer des liens entre eux et pour se retrouver, d'une certaine façon, par le biais de l'interactivité avec la télévision. C'est un changement important comparativement au téléphage du passé, qui, sur son canapé, ne créait de liens avec rien ni personne.»