Succès planétaire, la série Les experts, qui plonge dans les enquêtes criminelles à travers le travail de la police scientifique, séduit les spectateurs car elle s'efforce toujours de répondre au besoin du public d'apprendre, «d'en savoir plus», explique sa scénariste à l'AFP.

«Tous les scénaristes vous diront que les projets sur lesquels ils travaillent sont un peu leurs bébés. C'est un motif de fierté», souligne Carol Mendelsohn, 61 ans, qui est aussi la productrice exécutive de la série.

Et le succès des Experts, CSI: Crime Scene Investigation dans sa version originale, ne se dément pas. La série en est à sa 14e saison, un record.

«C'est un exploit, mais tous ceux qui travaillent dans le milieu de la télévision savent bien qu'il n'est seulement dû à une personne», dit celle qui, épisode après épisode, s'efforce de fabriquer un scénario crédible mobilisant cette bridage de la police scientifique de Las Vegas. La série a aussi été transplantée à Miami et Manhattan, mais elle se déroule aujourd'hui uniquement dans la capitale du jeu.

Regardée par 63 millions de personnes à travers le monde, la série a les faveurs du public parce qu'elle met en scène des familles (fictives) de victimes qui essayent «de tourner la page».

«Toutes les victimes avaient des gens qui les aimaient dans leur entourage», assure la scénariste. «Le fait de pouvoir tourner la page, c'est une accroche émotionnelle» qui parle au spectateur.

Une autre raison qui attire les téléspectateurs devant leur écran à l'heure dite, c'est l'envie d'apprendre.

«Les gens veulent apprendre des choses, en savoir plus. Et on ne peut regarder un épisode des Experts sans apprendre quelque chose».

«Vous en saurez un peu plus sur des sujets scientifiques, vous apprendrez aussi qu'il y a des personnes qui se sentent obligées de se déguiser en animaux pour communiquer avec les autres et avoir des relations sexuelles», comme dans l'épisode Pas si bête», explique-t-elle.

Satisfaire la curiosité du public est ainsi le principal défi que doivent relever Carol Mendelsohn et son équipe. «C'est vraiment une série très difficile à écrire car elle mêle la science à la criminalité et à la logique». En plus de la psychologie.

«À lui seul, un unique scénariste n'arriverait pas à tout écrire. Donc on utilise une «salle d'écriture»».

Là, des scénaristes et de «véritables» experts en criminologie échangent leurs idées. «J'aime travailler en collaboration» avec d'autres, explique la productrice déléguée.



«Très puritain, très américain»


La série ne rechigne pas à faire appel à des collaborateurs extérieurs de prestige. À l'image de Quentin Tarantino qui a réalisé le final de la cinquième saison, un double épisode salué par la critique et qui a attiré 35 millions de spectateurs, selon l'institut Nielsen.

Jusqu'en 2008, Les experts étaient emmenés par Gil Grissom, incarné par William Petersen. Son départ a mis Carol Mendelsohn devant un défi de taille, parce que «Grissom portait la série à lui seul».

Laurence Fishburne a bien essayé de se fondre dans le personnage de Raymond Langston, un simple membre de l'équipe.

Mais la «présence physique» de l'acteur était si «imposante à l'écran que personne ne pouvait réellement croire qu'il n'était pas le véritable chef de l'équipe», se souvient-elle. «Ça n'a jamais vraiment pris».

Alors, lorsque Laurence Fishburne s'est éclipsé en 2011, l'équipe a créé D.B. Russell, un personnage de bon père de famille, mais qui enfreint une des règles tacites des Experts.

«Nous nous tenons à une règle amusante, mais vraie: lorsqu'un personnage a des relations sexuelles dans Les experts, il meurt», raconte Carol Mendelsohn.

«C'est sans doute très puritain et très américain, explique-t-elle en riant. Lorsqu'un personnage vit une passion torride, il meurt. Ou il est accusé d'avoir commis un meurtre».

Malgré les efforts des scénaristes pour dévoiler aux spectateurs les dessous de la police scientifique, certains ont reproché aux Experts de ne pas coller assez à la réalité.

Au tout début, par exemple, les résultats d'analyse ADN revenaient du laboratoire après une page de publicité. «Les vrais experts à travers tout le pays s'en sont offusqués en expliquant qu'il fallait généralement attendre des semaines, voire des mois avant de connaître les résultats», explique Mme Mendelsohn.

«Mais, entretemps, la technologie a rattrapé son retard sur la série!».