Les séries télévisées françaises font une percée à l'étranger, en particulier dans les pays anglo-saxons, à preuve le succès de la fiction Les revenants, vendue dans de nombreux pays dont les États-Unis, où elle sera diffusée la semaine prochaine.

C'est tout un symbole: le New York Times soulignait récemment qu'il existe en France «d'excellentes séries» pas assez accessibles outre-Atlantique, comme Engrenages, Un village français, Maison close ou Les revenants.

Série fantastique de la chaîne payante Canal+, Les revenants ne cesse d'engranger les réussites à l'international. Déjà achetée dans près de 40 pays, elle a été vendue ces dernières semaines aux États-Unis, au Canada, en Australie, en Allemagne ou dans toute l'Amérique latine.

En lice pour les International Emmy Awards décernés le 25 novembre, elle a aussi déjà connu un succès remarqué au Royaume-Uni au printemps, en version originale sur Channel 4, réalisant la meilleure audience pour une série sous-titrée au Royaume-Uni depuis 2006 (1,8 million de téléspectateurs).

Prochaine étape, elle sera diffusée aux États-Unis à partir du 31 octobre sur la chaîne Sundance Channel, spécialisée dans les films indépendants, sous le titre The Returned, également en version sous-titrée. Elle y sera ensuite disponible sur une plateforme de vidéo à la demande en janvier.

«Ce ne sont plus des portes qui s'ouvrent mais des murs qui tombent», résume Marc Nowak, directeur général chez Zodiak Rights, qui distribue la série.

Pour Mathieu Béjot, directeur général de TV France International, association des exportateurs de programmes français, ce succès des Revenants est «assez spectaculaire». «Cela fait deux-trois ans que l'on dit que l'on a l'impression qu'il y a un renouveau, une ébullition dans la fiction», soulignait-il récemment. «On y arrive!».

Remakes aux États-Unis

Ces «success story» de séries françaises à l'étranger ne sont pas les premières. La série de TF1 des années 90 et 2000 Sous le soleil a par exemple été vendue dans plus de 130 pays. Mais de piètre qualité, elle avait peu séduit le monde anglophone.

«Le gros paradoxe, c'est que les séries les plus exportées étaient les plus mauvaises», explique Pierre Sérisier, qui décrypte les séries sur le meilleur blogue français consacré au sujet. Le journaliste parle de «vraie télé poubelle» dans les années 1980 à 2000, avec des fictions qui «ne coûtaient rien à faire, faisaient de l'audience et permettaient de placer de la publicité en quantité industrielle».

Les héros y étaient «uniques, monolithiques», selon François Jost, spécialiste des médias et professeur à la Sorbonne.

Mais l'essor des séries anglo-saxonnes de grande qualité, l'arrivée d'acteurs et scénaristes de cinéma dans les séries, a changé la donne. Et conduit les Français à suivre l'exemple américain et britannique.

«Jusqu'alors, on faisait des séries très franco-françaises, autant par le rythme que par le style ou la narration», explique le spécialiste des séries Alain Carrazé. Aujourd'hui, «arrivent des séries françaises qui sont mieux produites, plus internationales».

Ce frémissement se traduit dans les chiffres: selon une étude annuelle réalisée par TVFI et le Centre national du cinéma (CNC), les ventes de fictions françaises à l'étranger ont augmenté de 14,3% en 2012, à 22,8 millions d'euros.

Outre la réussite des Revenants, la série policière Braquo, récompensée l'an dernier par un International Emmy Award, a vu ses deux premières saisons achetées dans plus de 80 territoires, notamment par Fox au Royaume-Uni et la plateforme de vidéo Hulu aux États-Unis. Vendue dernièrement en Allemagne et en Russie, elle a aussi déjà vu sa saison 3, encore non diffusée en France, achetée en Australie.

Première série de Canal+ à avoir fait une percée dans les pays anglo-saxons sous le titre Spiral, Engrenages a elle aussi été vendue dans de nombreux pays, notamment à BBC Four au Royaume-Uni et Netflix aux États-Unis.

D'autres séries commencent également à être adaptées outre-Atlantique, comme Les hommes de l'ombre ou Braquo.