Femme du député et ex-ministre Pierre Arcand, fille de l'attachée de presse Francine Chaloult, soeur de l'auteur Rafaële Germain, belle-soeur de Paul Arcand, nièce de Suzanne Lévesque et quoi encore? Dans une autre vie, Dominique Chaloult a souvent été la quelqu'une de quelqu'un, une fille dont le nom était systématiquement éclipsé par la notoriété de sa parenté. Ce n'est plus le cas aujourd'hui. Surtout pas depuis que la blonde de 54 ans a pris les commandes de la programmation de Télé-Québec.

En moins de deux ans, la directrice a littéralement fait renaître l'Autre télé de ses cendres, en lui redonnant du tonus, en la rendant moins morne, plus libre et plus sexy. Comment? En prenant des risques et en faisant des choix audacieux comme Les bobos ou Christiane Charette en direct les vendredis soir de printemps, en lançant cet automne Deux hommes en or, un talk-show irrévérencieux dans le style des Couche-Tard, mais version 2013, avec Patrick Lagacé et Jean-Philippe Wauthier dans le rôle de Beaulu et Normand ou encore en concluant une première entente avec les gens de Saturday Night Live pour produire deux émissions spéciales SNL Québec à l'hiver.

Dominique Chaloult m'attendait dans son bureau, rue Fullum, à l'étage de la direction, plus silencieux qu'un cimetière. La fadeur des lieux, leur absence totale de vie et de couleur, contrastaient violemment avec cette blonde chaleureuse, sympathique, passionnée de chevaux (elle est propriétaire d'un centre équestre) qui se décrit avant tout comme une fille de gang.

Et quelle gang! La sienne est peuplée d'une vaste constellation de collaborateurs qui sont souvent devenus des amis, comme Marc Labrèche, avec qui elle a créé La fin du monde est à sept heures, ou Claire Lamarche, qui lui a donné sa première chance en télévision avec Les retrouvailles, à TVA.

Avant ce moment fondateur, Dominique Chaloult n'était pas particulièrement intéressée par la télé. «J'étais une rebelle et une dropout. J'ai quitté les études après le cégep. Au lieu d'aller à l'université, je suis partie au Mexique rejoindre un Mexicain dont j'étais tombée amoureuse. Je ne savais pas trop ce que j'allais faire de ma vie.»

Workaholic

Née à Québec, Dominique Chaloult a passé les cinq premières années de sa vie à Malartic, en Abitibi, à l'époque où son père médecin faisait encore des visites à domicile. Du Dr Chaloult, qui pratique encore à 79 ans et qui l'a élevée après son divorce, avec sa soeur Brigitte, elle a hérité d'un tempérament hyperactif de workaholic. De sa mère Francine aussi.

Au retour de son escapade mexicaine, Dominique Chaloult a fait ses premières armes comme discothécaire à CIME-FM, fondée par sa belle-mère Colette Chabot, puis à CKAC, où elle est devenue la blonde du boss (Pierre Arcand), sa conjointe depuis 28 ans et la mère de leurs deux enfants.

«La blonde du boss, je haïssais ça, blague-t-elle. La seule façon de m'en sortir, c'était de quitter la radio pour la télé et la seule façon d'entrer à la télé, c'était de devenir recherchiste, d'abord pour Pierre Pascau, puis pour Claire Lamarche.»

Claire Lamarche se souvient encore du jour où l'aspirante recherchiste est venue frapper à sa porte, enceinte jusqu'aux oreilles. «Je ne la connaissais pas, mais elle m'avait l'air solide. Dominique c'est le genre de fille qui arrive, qui est tout de suite efficace, qui apprend très vite et puis qui explose. Toutes les grosses idées des Retrouvailles viennent de Dominique», affirme-t-elle.

Soyons francs, les directeurs de programmation ne sont pas des grands agents de changement. Ils attendent assis dans leurs bureaux que les projets leur tombent dessus, après quoi ils font leur épicerie. Dominique Chaloult n'est pas une directrice des programmes traditionnelle.

«C'est une directrice hands-on, explique le camarade Patrick Lagacé. C'est quelqu'un qui s'implique et qui se mêle de chaque étape de la création. C'est rare.»

Des risques

Longtemps productrice en humour et en variétés, Dominique Chaloult a pris des risques. Et pas toujours calculés. C'est elle qui a engagé comme scripteur un nobody du nom de Docteur Fun pour Dieu reçoit, la tristement célèbre émission animée par Claude Legault, retirée des ondes sous la pression des lobbys catholiques. Le docteur Fun en question s'appelait en réalité François Avard.

Chaloult a aussi été la première à miser sur les talents de scripteur d'un gars de la construction en chandail Molson. Son nom? Jean-François Mercier. Quant à Anne Dorval, c'est Dominique Chaloult qui a décidé de la jumeler avec Marc Labrèche au Grand blond. Leur couple, mythique et télévisuel dure jusqu'à ce jour avec Les bobos.

«Dans ma carrière, j'ai eu de beaux succès, mais j'ai aussi eu de grands flops», assure Dominique Chaloult. Lorsque je lui demande lesquels, au lieu d'esquiver la question comme le feraient la plupart des directeurs de programmes, elle y répond franchement.

«Le plus gros flop, c'est sans doute VIP avec Louis Morissette. On a tiré la plogue dès la première émission. On s'est plantés et pas rien qu'un peu. Même chose avec Dieu reçoit, mais au moins l'émission a été une pépinière de nouveaux talents. Quoi d'autre? Legendre idéal ou Reddy, Reddy go n'ont pas marché comme on l'espérait. Mais tant pis, moi j'aime ça essayer des affaires et prendre des risques. C'est ce qui m'allume le plus. Mais je suis aussi capable d'assumer et de vivre très bien avec mes échecs.»

Du côté des succès, il y a évidemment Tout le monde en parle. Dominique Chaloult était à l'époque directrice des variétés de la SRC. C'est elle qui a acheté le format et convaincu Guy A. Lepage d'animer. Dix ans plus tard, l'émission marche toujours aussi bien. Cela n'a pas empêché l'hyperactive de quitter la télé publique, en 2008, avec le sentiment d'avoir fait le tour du jardin.

Pendant un an, elle a été madame, la femme du ministre des Relations internationales, debout en rang pour serrer des mains dans les délégations à l'étranger.

Mais la diplomatie internationale, ce n'était pas pour elle. Elle est revenue au pays, a lancé sa propre boîte, produit Ils dansent avec Nico Archambault avant de vendre ses actions et d'accepter la proposition de Michèle Fortin à Télé-Québec. Son mandat? Mettre du punch dans la programmation sans être esclave des cotes d'écoute.

«Les cotes d'écoute, je m'en soucie, mais ce n'est pas une épée de Damoclès qui pend au-dessus de ma tête, à moins que notre part de marché de 3%, descende à 1%. Autrement, je vais continuer à essayer des affaires.»

Dernier détail: par son conjoint Pierre Arcand qui a fait des millions en vendant ses stations de radio, Dominique Chaloult est indépendante de fortune. Elle pourrait partir en croisière autour du monde pour les 10 prochaines années. Elle préfère continuer à travailler. Pour le plus grand bonheur de l'Autre télé, qui peut se targuer d'avoir en ce moment la directrice des programmes la plus libre et la plus audacieuse en ville.

Normand Brathwaite

Les bobos, jeudi, 19h30

«Une fille qui a du guts, qui ne s'arrête pas au goût du jour, qui est fidèle à ceux qu'elle apprécie et qui a du flair pour jumeler des gens qui ne se connaissent même pas.»

Anne Dorval

Bazzo.tv, jeudi, 21h

«Une visionnaire, une incubatrice de talents, qui rebrasse les cartes, sort les gens de leur zone de confort et leur redonne de l'énergie.»

Josée di Stasio

Écoles à l'examen, mercredi, 19h

«Un bulldozer, mon boostquotidien d'énergie et une grande amie.»

Louis Morissette

Les gars des vues

«Fidèle et audacieuse. Après le flop de VIP,elle aurait pu m'oublier ou ne plus jamais me reparler. Pourtant, on travaille encore ensemble.»