Solidaires, tournés vers les communautés ou déclinés sur les réseaux sociaux, les programmes des télévisions mondiales jouent, face à la crise, la proximité, tout en se réinventant avec des fictions plus sombres que par le passé, selon une étude présentée mercredi.

«Augmentation croissante du nombre de chaînes et des éditeurs de contenus, multiplication des écrans et des usages numériques: jamais la concurrence n'a été aussi forte», soulignent les responsables de l'étude Médiamétrie (Eurodata) sur les tendances internationales de la télévision.

«Pour se démarquer, diffuseurs et producteurs fédèrent autour de marques fortes (formats, acteurs, animateurs), osent le mélange des genres, se réinventent en explorant des thèmes hors des sentiers battus et expérimentent de nouveaux dispositifs pour interagir avec les téléspectateurs et fidéliser l'audience», ajoutent-ils.

Du côté des divertissements, la solidarité et la générosité s'invitent largement dans les programmes, développant une «feel good TV» qui traite d'entraide sociale ou professionnelle.

Au Japon, la débrouille est ainsi mise en avant dans Happy Life, Even Without Money!, qui suit des gens heureux sans argent, tandis qu'au Royaume-Uni, le thème de l'emploi est abordé à travers Hotel GB, dans lequel les animateurs reprennent en main un hôtel avec un groupe de demandeurs d'emploi.

L'expérience sociale solidaire est de son côté développée dans des émissions comme la danoise 100 Days of Being Nice, dans laquelle un journaliste se donne cent jours pour rétablir la gentillesse et la politesse au sein du pays. Ou encore la britannique Tourettes: Let Me Entertain You, qui s'attache à trouver des talents musicaux chez des personnes souffrant du syndrome de Tourette.

Fantastique

Toujours plus proches, les télévisions mettent aussi les communautés culturelles ou religieuses à l'honneur, sous différentes formes: des divertissements et concours - avec le programme de téléréalité britannique The Jewish Mum of the Year ou le jeu de plateau américain American Bible Challenge -, et surtout des fictions.

On retrouve ainsi des personnages de comédie, telles la famille pakistanaise de la série britannique Citizen Khan, ou le couple gai qui essaie d'avoir un enfant de New Normal.

Les thèmes communautaires sont aussi abordés dans des fictions sociétales soignées: quotidien d'un quartier aborigène dans l'australienne Redfern Now, destin d'une jeune femme à Rio de Janeiro dans la brésilienne Suburbia ou vie d'un groupe de séminaristes dans la française Ainsi soient-ils.

Les fictions, qui souvent montent en gamme, se permettent aussi d'être plus sombres, surfant sur le thème de l'apocalypse ou flirtant avec le fantastique. C'est le cas de la française Les revenants, ou la néerlandaise The Secrets of Barslet.

L'antihéros se retrouve aussi sur le devant de la scène, comme dans la turque Subat, variation sur le thème de la belle et la bête, ou l'américaine Arrow.

Malgré cette dominante sombre, les fictions se renouvellent aussi dans l'excentricité avec la britannique Cuckoo (un couple face au beau-fils hippie), ou la turque Harem (rivalité dans le harem d'un sultan).

Enfin, la télévision se développe de plus en plus sur d'autres supports qui enrichissent les contenus.

Le développement des applications, des contenus exclusifs sur internet et l'exploitation des réseaux sociaux permettent de poursuivre l'expérience au-delà de la diffusion, souligne l'étude, qui cite les dispositifs digitaux accompagnant la série Ainsi soient-ils ou l'émission de téléréalité américaine Start-Ups: Silicon Valley.