On les appelle les deux Marc. Le premier, Marc Labrèche, est très connu. Le deuxième, Marc Brunet, pas vraiment. Pourtant, depuis 15 ans, Brunet cosigne tous les textes, sketches et extases interprétés par Labrèche. Après avoir imaginé les pubs délirantes de la Volt, les deux planchent actuellement sur la série Les bobos pour Télé-Québec. Des heures de plaisir en perspective.

Au téléphone, la voix de Marc Brunet ressemble à s'y méprendre à celle de Marc Labrèche. En personne, plus aucune ressemblance ne tient. Marc Brunet, qui fait près de 6 pieds, ressemble à un quart-arrière des Alouettes. Il a le visage aussi rond que Labrèche, le visage en couteau, et la dégaine non pas d'un dandy, mais d'un abonné de la Cage aux sports.

Diplômé du Collège français et de Brébeuf, Marc Brunet a été chargé d'événements spéciaux aux magasins La Baie et au Centre commercial Rockland pendant cinq ans avant de comprendre qu'il se trompait de voie. Il a démissionné, abandonnant les événements spéciaux pour les bancs de l'École nationale de l'humour. «Pas en interprétation, en écriture. Il n'a jamais été question pour moi de monter sur une scène. Moi, ce que j'aime, c'est écrire.»

À peine trois années séparent les deux Marc. À 49 ans, Marc Brunet est le plus jeune des deux et celui qui, en entendant parler de La fin du monde est à 7 heures, a immédiatement appelé la productrice Dominique Chaloult. «Je ne connaissais pas Labrèche, mais je le trouvais génial et je voulais absolument travailler avec lui. Je l'avais vu faire ses chroniques sur Yolande la Grenouille à Télé-Québec, je savais qu'il travaillait avec Richard Goyer, mais j'ai voulu tenter ma chance» raconte Brunet.

La productrice de La fin du monde l'a engagé sur-le-champ, sans deviner qu'elle venait de sceller une union artistique et professionnelle qui la suivrait jusqu'à Télé-Québec où elle a récemment été nommée directrice de la programmation et où, les deux Marc présenteront en septembre le premier des 26 épisodes des Bobos, une série sur un couple bcbg du Plateau incarné par Labrèche et Anne Dorval.

Depuis La fin du monde, les deux Marc n'ont cessé d'enchaîner les émissions (souvent avec l'aide de Rafaële Germain aux textes), du Grand blond avec un show sournois jusqu'à 3600 secondes d'extase en passant par Le coeur a ses raisons, changeant de formule et de format, presque à date fixe. «On est comme un couple qui, au lieu de se séparer, déménage tous les trois ans», raconte Marc Labrèche. Et Marc Brunet de renchérir: «Depuis 1997, il n'y a pas eu une année où nous n'avons pas été en ondes sur un des quatre réseaux, mais c'est vrai qu'après trois ans, on est généralement tannés de ce qu'on écrit. Alors avant de commencer à s'ennuyer, on préfère tirer la plug

Né et élevé à Fabreville, fils d'un père informaticien et d'une mère comptable, Marc Brunet a passé son enfance et son adolescence à regarder la télé américaine. «Je regardais tout et n'importe quoi, des drames, des soaps, des sitcoms. J'avais déjà une grande fascination pour le mauvais goût. Encore aujourd'hui, je peux regarder une info-pub pendant des heures. Ce qui me fascine, je crois, c'est la somme des efforts investis dans quelque chose d'aussi peu réussi.»

La culture pop et télévisuelle de Marc Brunet n'est pas seulement vaste, elle vient également combler les grands trous dans celle de Marc Labrèche. «Avant les années 80, pour Marc, je crois que c'est le néant», dit Brunet.

À l'autre bout du fil, Marc Labrèche le confirme: «Avec le père que j'avais, c'est clair que mes références viennent d'abord du théâtre. Pour le reste, comme j'étais au pensionnat et qu'il n'y avait pas de télé, ma culture télévisuelle et ma culture pop se résument à la Patrouille du Cosmos et aux Banana Splits

Issus de milieux et d'univers différents et n'ayant pas nécessairement les mêmes centres d'intérêt, les deux Marc ont néanmoins trouvé une zone commune de délire et de création. On en a encore un échantillon ce printemps, avec les pubs hilarantes de la Volt de Chevrolet. Les deux ont eu carte blanche pour réaliser deux pubs déjantées exclusivement destinées aux ondes de Radio-Canada et de RDI. D'entrée de jeu, Labrèche a décidé qu'il ferait les pubs en lui-même et non pas déguisé en personnage. Puis, les deux Marc sont montés dans une Volt et se sont baladés en ville une journée complète en klaxonnant à tout bout de champ parce que la voiture électrique fait si peu de bruit que les piétons ne l'entendent jamais approcher. Les deux pubs, mettant en vedette Labrèche en compagnie d'une vieille dame et de deux elfes de bonne taille, ont été tournées en une seule journée. Les décors et les personnages ont été incrustés de manière numérique grâce à la technique de l'écran vert. L'humour déjanté des deux Marc s'y déploie dans toute sa splendeur sans qu'il soit possible d'identifier où finit Marc Labrèche et où commence Marc Brunet.

Quant à leur nouveau bébé, Les bobos, le projet est né à l'apéro au Café Méliès. Du moins, c'est ainsi que Marc Labrèche le raconte. Pour Marc Brunet, c'était à l'Express que tout a commencé. Mais peu importe le lieu, ce qui compte, c'est qu'une fois de plus, les deux ont trouvé un nouvel objet sur lequel braquer leur regard satirique: les bourgeois bohèmes, incarnés cette fois par Étienne et Sandrine, un couple qui vit sur le Plateau, fait du yoga chaud, déménage ses meubles en BIXI et, sur le plan vestimentaire du moins, se tue à être à la page, sinon une saison avant tout le monde. Imaginé par les deux Marc, écrit par le premier et interprété par le deuxième, Les bobos, fera une fois de plus la preuve qu'un Marc c'est bien, mais que deux, c'est encore mieux.

Les deux Marc depuis 1997

1997-2000 : La fin du monde est à 7 heures (TQS)

2001-2003 : Le grand blond avec un show sournois (TVA)

2005-2007 : Le coeur a ses raisons (TVA)

2008-2011 : 3600 secondes d'extase (SRC)

Mars-avril 2012 : pubs de la Volt (SRC-RDI)

Septembre 2012 : Les Bobos (Télé-Québec)